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Accumulation
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L'accumulation
est une figure de rhétorique qui se traduit en une
énumération d'éléments appartenant à
une même catégorie et qui crée un effet de
profusion. Exemple : « elle centre, elle aligne, elle
justifie, elle paragraphe, elle tabule, elle mémorise... et
tout ça sur un grand écran. »
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Acronyme
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Mot
constitué de syllabe provenant d'autres mots, sensé
correspondre à la somme de ces mots. Beaucoup de noms
industriels, de noms de sociétés utilisent des
acronymes.
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Acrostiche
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Un
acrostiche est un poème dans lequel les initiales de chaque
vers composent un mot.
Exemple: Honoré par la
vie, qui me couvre d’années A lui donner
l’enfance, l’adolescence Bradées à
ce temps, qui me prête les âges Il faudra par les
rides, payer son crédit Libre et avant de mes heures
condamnées Las de les voir en convalescence Et
obliger mes ans à tourner les pages Reléguant à
son souvenir ce discrédit
A ne voir la vie que
comme destinée Vu que tout ceci est une évidence
Et pourtant, qu’elle soit farce ou truquage Comme
elle est, de ne l’aimer je m’interdit
Lentement
je finirais cette randonnée Et au fil des jours qui
note sa cadence
Tuant les heures qui marquent mon passage
Et que ma présence ainsi abandonnée M’offrira
le trépas pour ma résidence Pieuse habitation
quand vient le cassage Signant ainsi une fin bien
coordonnée
Si les lettres initiales suivent l'ordre
de l'alphabet, on parle d’abécédaire. Si ce
sont les lettres médianes qui forment un mot, il s'agit
d'un mésostiche et dans le cas des lettres finales d'un
téléstiche et acrotélenton.
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Adynaton
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On
présente une idée excessive de façon si
outrée qu'elle en devient impossible, ex : Je remarquai
(...) la présence d'un jeune homme dont le col était
plus long que celui de la girafe…
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Allégorie
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L'allégorie
(f) est une représentation concrète et imagée
par des éléments descriptifs d'une idée
abstraite. On peut distinguer entre l'allégorie figure de
style, ou, plus précisément, figure d'élocution
et l'allégorie comme procédé d'invention. La
première déborde rarement le cadre de la phrase. Il
s'agit en fait d'une métaphore qui est présentée
point par point. Par exemple, quand un amoureux s'écrie : «
C'est une tigresse ! », il recourt à une métaphore.
Mais s'il dit : « Cette tigresse me guette, puis bondit sur
moi et me dévore le cœur », c'est une
allégorie. Quand une telle allégorie se prolonge un
peu, on parle en général de métaphore filée.
(exemples : l'Amour, la Mort par une image, un tableau, souvent
par un être vivant)
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Allitération
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L'allitération
(f) est la répétition de sons identiques. À
la différence de l'assonance, le terme « allitération
» est réservé aux répétitions de
consonnes. Exemples : « Pour qui sont ces serpents qui
sifflent sur vos têtes ? » (Racine, Andromaque, V, 5)
ou encore « La chasseresse sans chance / de son sein choie
son sang sur ses chasselas » (= cépage blanc)
(Desnos, Corps et biens, « Chanson de chasse »).
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Allusion
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En
rhétorique, une allusion est une figure de style qui permet
d'éveiller l'idée d'une personne ou d'une chose sans
en faire expressément mention.
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Amphibologie
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Une
amphibologie (du grec ampibolia) est, en logique, une construction
grammaticale qui permet à une phrase d'avoir deux sens
différents et qui peut conduire à un raisonnement
fallacieux. Ex : l’avocat de la justice (pour/dans),
l'assassin de la police (pour/contre). Le nom du produit que
j'achèterai (lequel).
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Amphigouri
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En
rhétorique, un amphigouri est un discours ou texte
volontairement obscur ou inintelligible.
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Amplification
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L'amplification
(f) se fonde sur une gradation de succession d'idées ou de
mots de plus en plus forts entre les termes d'une énumération
ou dans la construction d'un paragraphe.
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Anacoluthe
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En
rhétorique, l'anacoluthe (f) est une rupture de la
construction syntaxique. Le mot anacoluthe vient du grec
ἀνάκολουθον
anákolouthon, « qui n'est pas à la suite de »
; c'est un mot composé du préfixe privatif a(n)- et
d'akolouthos, « qui suit, qui s'accorde » (ce mot a
aussi le sens de « compagnon de route » d'où
notre acolyte). Principaux types d'anacoluthes : Quand la
phrase commence par un mot ou un groupe de mots (dont on pressent
qu'il a la fonction de sujet) qui ne trouve pas de fonction dans
la suite de la phrase : moi mes souliers ont beaucoup voyagé
(Félix Leclerc). Il s'agit ici de thématisation par
dislocation : il n'y a pas de lien fonctionnel entre le thème
moi, disons plûtot mes souliers (car c'est ce que je sais de
plus grande) et le propos ont beaucoup voyagé (qui est en
quelque sorte une nouvelle information, dont ici, je transmets).
Quand la construction d'un complément n'est pas celle
qu'il devrait avoir : j'ai vu et j'ai parlé à mes
amis. On a ici coordonné un verbe transitif direct avec un
transitif indirect. On peut aussi parler dans ce cas de zeugma
grammatical (deux verbes de constructions différentes pour
un même complément). Quand on développe
une proposition subordonnée qui ne se rattache à
aucune proposition principale : Quand tout dort, que la lune
brille, mais il fait jour. L'anacoluthe appartient à la
langue parlée (et tend par là à
l'incohérence). Il est difficile d'assurer qu'une
anacoluthe est bien une figure, c'est-à-dire un procédé
volontaire destiné à produire un certain effet
(persuader, attirer l'attention, dérouter...). Ainsi,
l'exemple qu'on donne souvent, emprunté à Pascal, le
nez de Cléopâtre : s'il eût été
plus court, toute la face de la terre aurait changé n'est
peut-être qu'une négligence, due à la rapidité
de la rédaction (les Pensées sont le brouillon d'une
œuvre jamais publiée du vivant de son auteur). De
même, si l'on voit comme le théoricien du XIXe siècle
Fontanier une anacoluthe dans le fameux vers de Joachim du Bellay,
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage parce que l'on
attendrait Heureux celui qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
on oublie que, dans la langue de Du Bellay, il n'était pas
rare d'utiliser de cette manière le pronom relatif (on en a
gardé la trace dans des proverbes du type Qui vole un œuf
vole un bœuf). Cependant, on peut relever dans des œuvres
littéraires quelques anacoluthes-figures assurées,
ainsi chez Paul Éluard Moi mon remords/ Ce fut la
malheureuse qui resta/ Sur le pavé, où l'anacoluthe
produit un effet expressif et implique le narrateur dans son
évocation. Certains auteurs (Paul Verlaine, Nathalie
Sarraute) usent encore de l'anacoluthe pour imiter la langue
parlée ou pour traduire le caractère décousu
du monologue intérieur. Mais s'agit-il vraiment de figure
ou de la simulation d'une erreur ou d'un état psychologique
- ce qui est néanmoins toujours de la rhétorique,
celle de la catégorie appelée ethos - ? Exemple
dans Athalie de Racine (Acte I, scène 4) : « Vous
voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits / Et ne l'aimer jamais
? »
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Anacyclique
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Un
anacyclique est un mot ou phrase que l'on peut lire à
l'envers ou à l'endroit. Contrairement à un
palindrome, un anacyclique a une signification différente
selon le sens de lecture. On entend, par définition, que
les anacycliques sont aussi des anagrammes.
Exemples : «
Léon » et « Noël » « tracé
» et « écart ». « mon »
et « nom » « saper » et « repas
»
Des phrases peuvent être anacycliques quant
aux mots qui les composent.
Exemple : « Souffrir
sans amour, l’oublies-tu parfois ? » et «
Parfois, oublies-tu l’amour sans souffrir ? »
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Anadiplose
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En
rhétorique, une anadiplose est une figure de style
consistant à la reprise d'un même mot en fin de
phrase et en début de phrase suivante.
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Anagramme
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Une
anagramme (du grec ana-, « en arrière », et
grafein, « écrire ») est le résultat de
la permutation des lettres d'un ou plusieurs mots de manière
à produire d'autres mots qui ont un sens.
Exemples
: Andes → Sedan → danse aube → beau
Boronali → Aliboron camion → manioc chien →
chine → niche Chinon → nichon corps → porcs
égocentrisme → géocentrisme Éros
→ rosé François Rabelais → Alcofribas
Nasier (son pseudonyme) gare → rage → géra
génie → neige If → fi Le Figaro
Magazine → Le gai FroMage nazi Milan → Malin Naples
→ planes poule → loupe rose → oser sel
→ les soif → fois télé →
l'été âcre → race aimer →
marie → maire → ramie ami → mai Anna →
nana arc → car art → rat astre → Tarse
barre → arbre bien → béni bol →
lob café → féca Carole → oracle
chaleur → lâcheur chantée → étanche
cor→ roc dent → tend derme → merde
devis → vides dire → ride dorer → rôder
douce → coude dure → rude écran →
crâne → nacre édité → déité
émois → Moïse épave → pavée
éternité → étreinte (Montherlant)
fins → snif fuis → suif fume → meuf
ganse → anges → nages garder → regard île
→ lie lacer → caler laid → d'ail lame →
mâle → mêla Léon → Noël
liche → chile lime → miel lin → Nil
Luc → cul lucre → recul l'un → nul
mander → damner merci → crime mirer →
rimer moche → chôme mode → démo →
dôme moins → Simon mon → nom nez →
zen nider → dîner noces → cônes
nuire → ruine par → rap parer → râper
patricien → anticiper pure → puer quine →
nique → équin racine → Carine → ricane
ramée → armée → marée ramer
→ armer rêche → chère reçu →
curé Révolution française → Un véto
corse la finira riche → chéri → chier rien
→ reni → nier rions → noirs river →
virer robe → bore rousse → ourses sal →
las saper → repas seuil → luise sien →
sein soir → rois sorte → torse suer →
ruse tare → rate tente → nette tige →
gîte tire → rite tube → bute ulcère
→ recule verse → serve vile → live vrai
→ ravi Les anagrammes peuvent permettre de faire passer
des messages : Ponce Pilate demandant à Jésus :
QUID EST VERITAS ? (Qu'est-ce que la vérité ?) Il
répondit : EST VIR QUI ADEST (C'est l'Homme ici présent).
Encore eût-il fallu que le Christ parlât latin…
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Analepse
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L'analepse
(f) en narratologie, c'est un retour sur des événements
antérieurs au moment de la narration. L'analepse s'oppose à
la prolepse.
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Anaphore
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En
rhétorique, une anaphore est une variété de
figure de répétition, consistant en une ou plusieurs
reprises d'un même segment ou d'un même mot, en tête
de vers, ou en tête de phrase. Elle rythme la phrase,
souligne un mot, une obsession, ou provoque un effet musical. (ex:
anadiplose, panadiplose, rime) Exemple dans Horace de Corneille
(acte IV, scène 6) : « Rome, l'unique objet de mon
ressentiment ! / Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon
amant ! / Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur
adore ! / Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »
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Anastrophe
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En
rhétorique, l'anastrophe est une figure de construction qui
consiste en une inversion de l'ordre habituel des mots d'un énoncé
pour créer un effet de langue raffiné. Par exemple,
«jamais cela ne fonctionnera» au lieu de «cela
ne fonctionnera jamais».
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Antanaclase
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L'antanaclase
(f) consiste à reprendre un mot (parfois sans le répéter
expressement) dans une phrase avec un sens défférent.
Exemple : « Le cœur a ses raisons que la raison ne
connaît point. » (Blaise Pascal, Pensées,
XXVIII), (sonore : La réponse semble reprendre la chaîne
sonore de la question)
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Anticipation
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Description
de faits, de découvertes scientifiques ou techniques, de
systèmes d'organisation sociale et politique dont l'auteur
imagine qu'ils verront ou pourraient voir le jour dans le futur.
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Antiphrase
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L'antiphrase
est une figure de rhétorique consistant à dire le
contraire de ce que l'on pense.
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Antithèse
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L'antithèse
(f) rapproche deux termes aux sens naturellement opposés
pour mettre en valeur le contraste. Exemple dans Ruy Blas de
Victor Hugo (acte II, scène 2) : « [...] un homme est
là / qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; / qui
souffre, ver de terre amoureux d'une étoile [...]. »
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Antonomase
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En
rhétorique, une antonomase est la figure de style par
laquelle un nom propre (ou une périphrase énonçant
sa qualité essentielle), est utilisé comme nom
commun, ou inversement. Procédé de substitution
jouant sur l'opposition « nom propre / nom commun »,
l'antonomase est donc un trope qui permet d'employer : un nom
commun pour signifier un nom propre ; un nom propre pour
signifier un nom commun ; un nom propre pour signifier un
autre nom propre. Le trope par antonomase peut être,
selon le cas, analysé comme une métonymie ou comme
une métaphore.
Certaines antonomases courantes
finissent par se lexicaliser et figurent dans les dictionnaires
usuels (« un don juan », « un harpagon »,
« un bordeaux », « le roquefort »,
etc.). Lorsqu'elles aboutissent à la production d'un nom
commun, les antonomases ne prennent normalement pas la majuscule
des noms propres. Exemple : « un Harpagon »,
pour désigner un avare, est une antonomase. C'est aussi le
cas lorsqu'on remplace un nom par une périphrase « la
capitale de la France » pour désigner « Paris
».
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Apagogie
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Une
apagogie (du grec ancien apagôgê) est un raisonnement
philosophique consistant à demontrer la vérité
d'une proposition en prouvant l'absurdité de la proposition
contraire.
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Aphérèse
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Une
aphérèse est un changement phonétique qui se
traduit par la suppression d'un ou de plusieurs phonèmes au
début d'un mot. Il y a eu aphérèse lors du
passage du vieux français estatut à statut.
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Aphonie
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Voyelles
voisines dans deux mots rapprochés : Il pleure dans mon
coeur / Comme il pleut sur la ville
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Apocope
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Retranchement
d'une lettre ou d'une ou plusieurs syllabes d'un mot. Ex : ciné
pour cinéma, télé pour télévision.
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Apophatisme
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Une
vérité inconnue se laisse-t-elle approcher par
négations, ex : Il n'était pas vraiment laid. Pas
banal non plus.
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Aposiopèse
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Une
aposiopèse (ou réticence) est une rupture dans la
suite attendue des enchaînements de la phrase. Exemple
dans L'Énéide de Virgile : « Osez-vous, sans
ma permission, ô vous, bouleverser le ciel et la terre et
soulever de telles masses ? J’ai envie de vous… !
Mais il faut d’abord apaiser les flots déchaînés…
» (Chant I). L'aposiopèse ne doit pas être
confondue avec la suspension qui n'interrompt pas mais retarde «
vers la fin de l’énoncé l’apparition
d’une partie essentielle de l’énoncé. »
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Apostrophe
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L’apostrophe
est une fonction grammaticale utilisée pour marquer une
interpellation. Par exemple, dans la phrase « Hé !
bonjour, Monsieur du Corbeau. / Que vous êtes joli ! que
vous me semblez beau ! » (« Le Corbeau et le Renard »,
Fables, Jean de La Fontaine), Monsieur du Corbeau est utilisé
comme une apostrophe. Cette fonction est généralement
traduite dans les langues à déclinaisons par un
vocatif.
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Approximations
successives
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L'intention
expressive reparaît avec des contenus nouveaux, ex : Il y en
avait un qui se faisait remarquer, je ne sais plus très
bien par quoi. Par sa mégalomanie? Par son adiposité?
Par sa mélancolie?
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Assonance
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L'assonance
(f) : C'est la répétition d'une même voyelle
dans une phrase ou un vers. Exemple dans Poèmes saturniens
de Verlaine (« Mon rêve familier ») : « Je
fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
[...] ».
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Astéisme
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On
nomme astéisme le procédé consistant à
louer par un discours donnant l'apparence du blâme. Cet
artifice permet de complimenter avec une distance de bon ton -
sans servilité - voire d'instaurer une sorte de complicité
tacite avec la personne à laquelle on s'adresse. Exemple :
tu es franchement un immonde personnage de participer à ce
projet qui, avec ses 63000 articles, est déjà en
train de tuer dans l'indifférence la plus totale le fleuron
de nos encyclopédies. Tu oses encore te regarder dans la
glace ?
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Asyndète
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L'asyndète
(f) : C'est la suppression des particules de coordination dans
l'ordre grammatical ou sémantique. Exemple dans Les
Caractères de La Bruyère (« Ménalque »)
: « [...] Ménalque se jette hors de la portière,
traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’antichambre,
la chambre, le cabinet; tout lui est familier, rien ne lui est
nouveau ; il s’assit, il se repose, il est chez soi. ».
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Avant-après
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On
compare le présent au passé ou à l'avenir, ex
: Tes vernis luisaient, ils sont devenus répugnants. Mais,
dans ton imper, tu étais quelconque, et tu seras
impeccable.
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Augustinisme
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On
renforce, par une similitude sonore, une opposition de sens, ex :
Sans Queneau, Cordelier n'aurait pu ni exister ni subsister.
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Biais
cognitif
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Le
biais cognitif est une erreur de décision et de
comportement ayant pour cause une insuffisance relevant des
mécanismes cognitifs.
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Branduit
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Nom
commun venant d'une marque. Ex : frigidaire, abribus.
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Cacographie
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La
cacographie désigne les erreurs dans l'orthographe ou dans
le style. Cacographie provient de deux termes grecs : kakos
(laid), graphein (écrire).
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Calembour
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Le
calembour est un jeu de mots fondé sur l'homonymie (mots
qui se prononcent de la même façon, mais différents
par le sens) et la polysémie (mot ayant plusieurs sens). Le
calembour s'applique à des expressions figées, bien
connues ou à des situations que le contexte permet de
décoder : Il n'y a que la vérité qui
baisse. Jamais deux sans toi. Le vieux est l'ennemi du
bien. Un Marx et ça repart. « Tu es Pierre,
et sur cette pierre, je bâtirai mon église ».
« J'aimerais mieux aller hériter à la
poste que d'aller à la postérité »,
Commerson. « Allons ! Finissons-en, Charles attend ! »,
Louis XVIII sur son lit de mort entouré de ses médecins.
Demandez nos exquis mots. Un clavier azerty en vaut deux.
Comme son nom l'indique, le hamburger est originaire de la
ville de Hambourg. De fait, les hambourgeois, dès qu'ils
éprouvent un petit creux, aiment se caler l'estomac en
consommant ce plat. C'est pourquoi j'ose proférer : «
Ce plat cale Hambourg ! » (Boris, Réflexions
épuisantes, propos abymés, épuisé.) À
cheval donné, on ne regarde pas la bitte. Qui trop
embrase mal éteint.
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Catachrèse
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La
catachrèse (du grec κατάχρησις
katákhrêsis, « emploi (abusif) ») est,
avec l'emprunt lexical, l'un des procédés par
lesquels le lexique d'une langue s'enrichit. Elle donne un sens
nouveau à un mot ou à une expression qui existe déjà
en étendant ce sens à l'aide d'un trope, ou figure
de rhétorique en un seul mot (ou expression). La destinée
normale d'une catachrèse est de se lexicaliser, de sorte
qu'on oublie que le mot n'a pas toujours eu ce sens-là. Par
exemple, on ne voit plus que poubelle est une antonomase (et aussi
une métonymie), du nom du préfet de la Seine
Eugène-René Poubelle qui imposa en 1884 l'usage de
ce récipient. D'autres, en revanche, n'y réussissent
pas : gendarme couché semble avoir été
définitivement remplacé par ralentisseur. Les
procédés menant à la catachrèse sont
multiples : par métaphore : un dos d'âne ; par
métonymie : boire un verre ; par synecdoque : un
troupeau de cent têtes ; par antonomase : un bidasse.
Certains théoriciens parlent aussi de catachrèse
pour désigner l'emploi d'un mot au-delà de son sens
strict, par exemple : « une sorcière à cheval
sur son balai » (le balai n'est pas un cheval), que cet
emploi se soit lexicalisé, comme dans cet exemple, ou qu'il
soit ressenti comme une incohérence. On peut citer aussi
les « ailes » d'un avion, la « bouche » de
métro, etc. On dit couramment que la catachrèse
est une métaphore lexicalisée. Exemple : « les
pieds d'une table », « les bras d'un fauteuil »
ou encore « les ailes d'un avion » .
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Charade
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La
charade classique dans sa forme la plus simple, la charade
consiste à décomposer phonétiquement
l'expression à deviner en plusieurs mots que l'on définit
l'un après l'autre.
Exemple : Mon premier est un
animal Mon second est une anse Mon tout est une devinette
Solution : chat - rade → charade
Il existe des
formes plus ou moins compliquées, en ajoutant des
calembours à différents niveaux, en voici quelques
exemples: Mon premier est bavard Mon second est un oiseau
Mon troisième est du chocolat Mon tout est un
délicieux gâteau Solution : bavard - oiseau -
chocolat → bavaroise au chocolat
Mon premier est vert
Mon second est bleu Mon tout est précieux Solution
: pré - cieux → précieux
La charade avec
accent ou défaut de prononciation Mon premier est un
poisson Mon second est un arbre fruitier Mon tout est un
roi de France Solution : anchois - pommier → François
Premier, à prononcer la bouche pleine!
La charade
répétitive Mon premier est une salade Mon
second est une salade Mon troisième est une salade Mon
quatrième est une salade Mon cinquième est une
salade Mon sixième est une salade Mon septième
est une salade Mon huitième est une salade Mon tout
est un écrivain Solution : les huit scaroles →
Lewis Carroll
La charade à tiroir : chaque
définition est détournée par un jeu de
mots. Mon premier est une lézarde dans le mur d'un igloo
Mon second affirme qu'il n'est pas britannique Mon tout
est la préfecture d'un département d'outre-mer
français Solution : mon premier est baste, car raie au
mur, c'est baste au pôle (jeu de mots : Réaumur-Sébastopol,
station du métro de Paris), mon second est erre, car erre
nie être anglais (jeu de mots : hernie étranglée),
mon tout est donc Basse-Terre
Mon premier va çà
et là, Mon second est employé des Postes, Mon
troisième ne rit pas jaune, Mon quatrième n'est
pas pressé, Mon tout est le plus célèbre
auteur de charades à tiroirs. Solution: mon premier est
Vic car Vic erre (Vicaire), mon second est Tor car Tor est facteur
(Torréfacteur), mon troisième est Hu car Hu rit noir
(Urinoir), mon quatrième est Go car Go est lent (Goéland),
et mon tout est Victor Hugo (Vic-Tor-Hu-Go).
La charade
répétitive à tiroir Mon premier est une
rondelle de saucisson sur un boomerang Mon second est une
rondelle de saucisson sur un boomerang Mon troisième
est une rondelle de saucisson sur un boomerang Mon quatrième
est une rondelle de saucisson sur un boomerang Mon cinquième
est une rondelle de saucisson sur un boomerang Mon sixième
est une rondelle de saucisson sur un boomerang Mon tout est
une saison Solution : le printemps, car les six rondelles sont
de retour
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Chiasme
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Le
chiasme (du grec khiasmos « disposition en croix »)
est une figure de rhétorique qui a pour effet de donner du
rythme à une phrase. Les éléments de deux
groupes parallèles sont inversés. Le chiasme peut
souligner l'union de deux réalités ou renforcer une
antithèse. Suivant la structure A-B-B-A. Exemple: La
neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable. ou J'empoignais le
pain et le boulanger m'empoigna. Victor Hugo Il faut manger
pour vivre et non pas vivre pour manger (Molière). Exemple
dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire : « Les soirs illuminés
par l'ardeur du charbon [...] » (« Le balcon »).
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Chleuasme
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Il
s'agit d'un procédé rhétorique consistant à
en rajouter sur soi-même pour mieux se dédouaner. Par
exemple, commencer un discours sur un sujet délicat, dont
on est connu comme étant spécialiste peu contesté,
en disant : je n'y connais pas grand'chose et je ne peux guère
que contribuer à poser le problème. En se
dépréciant, le locuteur espère attirer sur
lui au moins la confiance, au mieux la sympathie active de celui
qui l'écoute.
Ce mot imprononçable n'est que
la francisation par translittération d'un substantif grec,
chleuasmos, ironie, plaisanterie, raillerie ( selon le Bailly -le
lexique d'Anatole...- ), et se trouve utilisé par
Démosthène et quelques autres rhèteurs
grecs.
En cherchant bien, on peut retrouver cité
comme synonyme le mot prospoïèse, lui aussi issu du
grec ancien et ayant théoriquement et littéralement
le sens en faire de trop.
En français courant,
chleuasme pourrait s'exprimer par feinte = je vous ai bien eus
!
Comme l'aurait dit Mirabeau, à qui l'on prête
beaucoup de propos célèbres, « les hommes sont
comme les lapins, ils s'attrapent par les oreilles ».
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Chute
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Fin
d'un poème, d'une histoire brève.
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Circonlocution
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Périphrase
lourde, entortillage.
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Comparaison
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La
comparaison est une figure de rhétorique. C'est la mise en
regard de deux termes ou de deux idées comparées
dans une volonté de clarté ou de poésie.
Contrairement à la métaphore, la comparaison exprime
directement l'assimilation entre les deux idées en
utilisant souvent un terme de comparaison (comme, tel, semblable
à, etc.).. La comparaison n'est donc pas un trope.
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Complément
interne
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Un
complément formé du même mot que son noyau :
Boutonne donc ce bouton!
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Complément
quasi interne
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Le
sens revient dans le complément du verbe, mais avec un
autre mot, ex : Il maugréa son mécontentement
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Contamination
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Certaines
parties de l'oeuvre sont-elles empruntées trop directement
à des textes d'autres auteurs
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Contradiction
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Réunion
de deux voyelles ou de deux syllabes en une seule. On en distingue
deux sortes : crase : suppression d'une voyelle ou d'une syllabe,
et synerese : fusion de 2 voyelles contigües en une
diphtongue. Ex : paon [pB]
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51
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Contre-assonance
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Deux
vers sont-ils apparentés par des consonnes finales
communes, ex : Lui montrant (...) Où se mettre
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52
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Contrefision
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Énonce-t-on
avec une ironie amère ce à quoi on s'attendait, mais
qui est l'inverse de ce qui se passe, ex : Les passagers me
reconnaissent. Ils me saluent avec amitié, avec respect.
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53
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Contrepèterie
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La
pratique de la contrepeterie (parfois appelée antistrophe)
consiste en l'art de décaler les sons. Cet art aboutit à
des contrepèteries, des phrases à partir desquelles
on peut obtenir, en permutant certains phonèmes ou
certaines syllabes, une nouvelle phrase ayant par principe un sens
cocasse, grivois, et même de préférence
franchement gaulois.
Exemple : dans la phrase Mon oncle
perd courage devant les amas de patentes devient en permutant le p
et le m : Mon oncle perd courage devant les....
Le journal
Le Canard enchaîné est célèbre pour sa
sélection hebdomadaire de contrepèteries, dans la
rubrique intitulée Sur l'album de la Comtesse créée
par Luc Etienne (qui fut Régent de Contrepet au Collège
de Pataphysique). L'ouvrage La redoute des contrepèteries
en énumère des centaines. Le Canard enchaîné
publia un jour un poème qui pouvait se lire avec deux sens
différents selon qu'on le contrepétait ou non. Voici
le premier quatrain:
« L'hommage de leurs vers qu'à
l'envi les poètes
A la femme déçue
offrent toujours ardents
Flatte certes le but mais n'apaise
la quête :
L'attente a des plaisirs qu'on ne fait
qu'un moment. » L'usage veut qu'on ne donne jamais la
solution d'une contrepèterie, chacun devant la trouver
lui-même. Le faire comme au début de ce paragraphe
serait en société une très grave faute de
goût.
Ajoutons que la correspondance des sons doit
être stricte ; il ne saurait être question de dire
:
« Le Ministre des Finances toutes les baisses
faisables »
de François Rabelais, qu'on dit
être l'inventeur du procédé : «
[Panurge] disoit qu'il n'y avoit qu'un antistrophe entre femme
folle à la messe et femme molle à la fesse.
Goûtez-moi cette farce ! À
Beaumont-le-Vicomte. La noire me fuyt Cette femme est une
lieuse de chardons. » d'Estienne Tabourot (1547-1590) :
« Toutes les jeunes filles doutent de leur foy. »
de Victor Hugo : « j'ai fait le bossu cocu, j'ai fait le
beau cul cossu ». plus près de nous, Benjamin
Péret publie un ouvrage en 1928 : « Les rouilles
encagées ». de Boris Vian : « le peintre
émet des avis sur les nus ». Robert Desnos en
écrivit un certain nombre dans la section sur Rrose Sélavy
du recueil Corps et biens, souvent en en donnant la solution :
Dans un temple en stuc de pomme le pasteur distillait le suc
des psaumes. Rrose Sélavy connaît bien le
marchand du sel.
Quelques contrepèteries Aimable
souvent Bob hésite. Bouilleur de cru Ce Messier
est fou ! Ces garçons ont appris a calculer en cent
leçons. C'est du pus de génisse. C'est un
ministre décent C'est un facheux problème de
math Conan le barbare Dans les régions où
nous sommes, nous ne pouvons nous passer de vaccins Dès
qu'on touche à son petit banc, il boude. Deux carioles
sans mulets. Elle m'a menti, la sotte. Envoyons-nous dans
la culture ! Goûtez-moi cette farce ! Henry a été
maculé de boue. Il a glissé dans la piscine. Il
coupe les nouilles au sécateur. Il fait beau et chaud
(dite contrepèterie belge en France) Il faut être
peu pour bien dîner. Il faut savoir prendre les choses
en riant. Il scrute, le gars. Je te laisse le choix dans
la date. Je vais sécher le linge. La baisse excite
les foules. L'abeille coule. La biche allaitante La
cabine 13. La Chine se soulève à l'appel des
Nippons. La jeune fille contemple un plan qui vient de la
Guinée. L'aspirant habite Javel. L'astronome a son
job dans les profondeurs zénithales Le boutre du sultan
coule au confluent de la Garonne. Le cuisinier a un canard sur
le feu. Le grand test sur les particules. Le fakir
arrivait à pied par la Chine. Le jeune homme a une mine
piteuse. Le mépris des chansons Le Pape n'aime pas
que l'on bâcle les rites. Le Pecq, quel nom ! Le
pédant rentre-t-il de Nice ? Le bout pendait.
L'épicurien recherche les sources du bonheur. Le
plan De Gaulle a fait saigner le cœur de Massu Le
Pont-Neuf fait 60 pieds. Le sang circule. Le séminariste
rêve de se voir en curé avec une petite calotte. Le
tout de mon cru (titre de recueil resté longtemps
imaginaire) Le tennis de Noah est prévisible Les
Croix de feu Les écoliers jouent dans les pièces
du fond. Les gendarmes sont des fous du malus. Les
laborieuses populations du Cap. Les parachutistes se font
légers pour mieux chuter. les physiciens voient le
monde conique. Ma grand-mère est folle de la messe.
Madame Vigée-Lebrun. Mammouth écrase les
prix. (Coluche) Mets ta casquette ! Monsieur, vous avez du
feutre sur le cou ! Ne mettez pas vos mains sur la piste de
l'égoïne. Ote ta lampe que je guette. On n'est
jamais très fort pour ce calcul On reconnaît les
concierges à leur avidité. Parachute Que de
gîtes la pauvre femme habita ! Que j'aime l'escalope sur
une belle salade ! Quel beau métier professeur ! Quel
champs de coton! Quelle bouille ce matin ! Rue de la paix
Sabine aime les prunes. Sagesse n'est pas folie. Salut
Fred ! Salut Patrick ! Superman a une bouille incroyable
Tacite se promène en babouches. Taisez-vous en bas
! Votre père à l'air mutin.
On
peut aussi doubler, tripler... la contrepèterie :
Elle
quitait au coup de leurs boeufs car il l'avaient l'envoyé
dans la culture, mais elle revennait à la ferme pleine
d'espoir, au Pont du Jura. La fermière sait que sa
poule mue, aussi vit-elle aux champs. L'Afrique est bonne
hotesse mais ces canicules ne m'ont pas emballées. Les
mutins passent la berge du ravin. Philanthropie de l'ouvrier
charpentier (difficile) Il y a une panne de micro dans la
pièce du fond qui me brouille l'écoute. Les
nouilles cuisent au jus de canne. Les mutins ont passé
la berge du ravin. Métropolitain (écrit pendant
l'Occupation) Des colonnes de gauchistes se sont branchées
sur l'Irak. J'aime au sortir du camp une longue pêche
sous-marine. Qui aime les baies d'airelles à le choix
dans les dates pour les chercher. Quand la rate chatouille,
les bouillons ont déjà cessé. Cette jatte
de choix a été rangée sans user de quelque
magot. Parce qu'il avait une mère cocue très
dolente, Luther n'a pas calculé en vain. Certains noms
propres sont une contrepèterie :
Thierry d'Argenlieu
Lycée Ampère
Amis du contrepet
Louis
Perceau Rédigea jadis un ouvrage de référence
sur le genre : « Vous avez lu Perceau » est une phrase
qu'on aime à se dire entre initiés.
Luc
Etienne Déjà cité, a rédigé
entre autres œuvres (« La méthode à
Mimile », « l'Art de la charade à tiroirs »)
un Art du contrepet qui fait encore référence
aujourd'hui, et qui contient des passages fort travaillés
comme le discours d'un locataire contenant les phrases suivantes
:
« Elle eut peur de mon mot de guichet : Les
concierges n'aiment pas être éveillées
brutalement. Mais comme elle insistait pour attirer mon
terme, Je laissai travailler ma bile et me sentis détesté. Une
sorte de rage me tenait lieu de verve »
etc. Le tout
se termine par :
« Elle me dit : « Après
ce marc, faudrait une bonne dînette ». Je sentis
alors l'avidité des concierges. »
Il donne
également des conseils : de même que le charme des
mots croisés réside dans le fait d'y donner des
définitions non banales, il faut une fois le contrepet
trouvé lui trouver une courte introduction aussi appropriée
à l'innocente phrase de base qu'à sa variante
sulfureuse. Ainsi, sur les mots « roussette » et «
pain », l'introduction suivante ne fait que rendre plus
savoureuse la contrepèterie :
« Mais je ne
pêche pas, monsieur le curé ! J'agace les roussettes
avec mes bouts de pain ».
Et sur « affale »
et « bazar », quoi de plus plaisant que ces cinq mots
d'introduction ? :
« Epuisée par une longue
queue, la pauvre femme s'affale devant le bazar ».
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54
|
Demi-antonymie
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Le
sens d'un mot diverge de celui d'un autre, mais sans modifier la
visée, ex : Révolution ou évolution de la
mode ?
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55
|
Diaphore
|
Une
diaphore est une antanaclase qui consiste à donner un sens
plus marqué la seconde fois. Exemple : Le coeur a ses
raisons que la raison ne connaît pas (Pascal), L'existence
précède l'essence et l'essence est de plus en plus
chère. (demi-diaphore : Y'a de quoi perdre la raison. ---
T'as bien raison)
|
56
|
Dingbats
/ Swingbats
|
é
tout = essuie-tout, vent o = au suivant. Liens possibles :
suit, sur, sous, dans, en, sans, et, colle, près, après,
précède, contre, la fin, deux fois, gros, plus,
moins, au centre, au cœur, mi, sauf, haut, bas. Mio = c.
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57
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Disjonction
|
La
disjonction est une notion de phonétique et de phonologie.
Il y a disjonction quand, en français, une liaison ou une
élision ne sont pas pratiquées.
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58
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Dissimilitude
|
Manque
de similitude.
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59
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Ellipse
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Une
ellipse est un procédé de rhétorique
consistant à omettre un ou plusieurs mots, que le lecteur
est censé retrouver spontanément. En narratologie,
l'ellipse passe sous silence des événements, ce qui
accélère considérablement la narration.
Ex
: Le ciel est nuageux, le temps sombre. On peut aussi combiner
l'inversion et l'ellipse : Bleu est le ciel, verte la
mer. L'ellipse est la caractéristique principale du
style télégraphique : Suis reçu examen.
Rentre samedi. L'accroche journalistique (Attentat de Djakarta,
La marque Al-Qaeda) ou publicitaire (Froid, moi ? Jamais !)
utilise l'ellipse pour une meilleure efficacité. L'ellipse
peut être souhaitable pour éviter les lourdeurs.
L'ellipse peut aussi être une figure de style. Par extension
: ellipse d'une narration. C'est par ellipse qu'un adjectif
peut devenir un substantif : une (voiture) automobile, une
(section) conique. Le résultat est parfois ambigu : le
portable est-il un ordinateur ou un téléphone ?
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60
|
Emphase
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L'emphase
(f) désigne tout ce qui permet de renforcer une image, une
idée.
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61
|
Énallage
|
Une
énallage est une figure qui consiste à employer une
forme autre que celle qu'on attendait. Il peut s'agir d'un échange
de pronom personnel, de mode, de temps ou d'un genre à la
faveur d'un autre.
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62
|
Épanadiplose
|
En
rhétorique, une épanadiplose est une figure de style
consistant à la reprise à la fin d'une proposition
du même mot que celui situé en début d'une
proposition précédente.
Exemple: L'enfance
sait ce qu'elle veut, elle veut sortir de l'enfance (Jean
Cocteau)
C'est l'inverse de l'anadiplose.
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63
|
Épanalepse
|
Il
y a deux assertions entièrement identiques ou presque, ex :
Mais tout à coup, il se glissa vers l'arrière. Il se
glissa vers un siège qui venait de se libérer.
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64
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Erreur
simulée
|
On
dissimule le vrai sous les apparences du faux.
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65
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Euphémisme
|
Un
euphémisme est une figure de rhétorique qui consiste
à atténuer ou adoucir une idée déplaisante.
À tel point que la confusion qui en naît peut
dévaloriser un mot à l'encontre d'autres bien
précis. On parle aussi d'euphémisme de bienséance.
Le contraire de l'euphémisme est l'hyperbole.
La
figure de l'euphémisme est omniprésente dans
l'expression du « politiquement correct », et
massivement utilisée en temps de guerre, notamment comme
composante de la propagande : dans ce cas, l'euphémisme à
pour effet de diminuer l'impact d'une information sur le moral de
la population afin de conserver son soutien.
Il est
important de noter que des termes ne sont des euphémismes
que par leur emploi dans un contexte donné : ainsi,
«malentendant» n'est pas un euphémisme si ce
terme désigne une personne dont l'acuité sonore est
diminuée, mais seulement si la personne ne perçoit
aucun son, et que le locuteur veut éviter l'usage du terme
«sourd». Exemple canonique : « Il a vécu.
» pour « Il est mort ».
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66
|
Echo
sonore
|
Deux
groupes syntaxiques sont apparentés par divers sons, qu'ils
ont en commun, ex : Je montai, elle monta. On y est. On se tasse.
On est assez.
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67
|
Exorde
|
En
rhétorique, première partie d'un discours, qui a
souvent pour but d'attirer l'attention et la bienveillance de
l'auditoire.
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68
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Expolition
|
On
reprend de façon plus nette une idée afin de la
graver dans l'esprit des auditeurs, ex : Il crut que l'autre
l'avait fait exprès. Il savait que d'aucuns ne pouvaient le
voir sans lui chercher noise. L'autre, donc, avait dû
préméditer.
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69
|
Faux
proverbe
|
Faux
proverbe Inspiré de Qui vole un œuf n'a pas de
poule Qui vole un œuf vole un bœuf Qui vole un
bœuf est très fort Qui vole un œuf vole un bœuf
Noël au scanner, Pâques au cimetière (Pierre
Desproges) Noël au balcon, Pâques au tison Noël
au balcon, enrhumé comme un con Noël au balcon, Pâques
au tison Noël au balcon, Pâques aux rabanes Noël
au balcon, Pâques au tison Neige en novembre, Noël
en décembre Noël au balcon, Pâques au tison
Quéquette en décembre, layette en septembre Noël
au balcon, Pâques au tison Ne remets jamais au lendemain
ce que tu peux faire faire aujourd'hui par un autre Ne remets
jamais au lendemain ce que tu peux faire le jour même Ne
remets jamais à deux mains ce que tu peux faire avec une
seule Ne remets jamais à demain ce que tu peux faire le
jour même Ne remet pas à demain...ce que tu peux
faire après-demain (Alphonse Allais) Ne remets jamais à
demain ce que tu peux faire le jour même Indien vaut
mieux que deux Sri Lanka Un tiens vaux mieux que deux tu l'auras
Noyons Joël Joyeux noël Un chien vaut mieux que
deux petits rats Un tiens vaux mieux que deux tu l'auras
Aimez-vous les uns sur les autres Aimez-vous les uns les
autres Une de perdue, une de perdue (Jean-Marie Bigard) Une de
perdue, dix de retrouvées C'est au pied du mur qu'on
voit le mieux le mur (Bigard) C'est au pied du mur qu'on voit le
maçon Il ne faut pas vendre la peau de l'ours, non il
ne faut pas (Bigard) Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant
de l'avoir tué Au royaume des cyclopes, les borgnes
sont aveugles Philippe Geluck? Au royaume des aveugles, les
borgnes sont rois C'est dans les vieux pots qu'on fait les
meilleures soupes, mais les jeunes poireaux restent collés
au fond C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes
J'ai longtemps désiré être une pinte...
mais malheur ! Je ne suis qu'un gobelet Pingouin
dans les champs, Hiver méchant Paques aux
Rabannes, Noël en cabane Pisse contre le vent
et le vent te pissera dessus La Faucille et le
McDo La Faucille et le Marteau Noyeux Joel et Nonne Abbé
! Joyeux Noël et Bonne année Tant va la cruche à
l'eau qu'a la fin tu m'les brises (Les Inconnus) Tant va la cruche
à l'eau qu'à la fin elle se brise Qui pisse
contre le vent se rince les dents (proverbe breton)
Horizon pas net, reste à la buvette (proverbe breton)
Si tu vois quelqu'un ne rien faire, aide le ! le travail c'est
sacré faut pas y toucher Le travail c'est
la santé ! Rien faire, c'est la conserver (Boris Vian)
Un verre, ça va, trois verres, ça va, ça
va, ça va, ... Un verre, ça va, trois verres,
bonjour les dégâts L'homme sage apprend de ses
erreurs. l'homme encore plus sage apprend des erreurs de...
insérer un nom ici. La semaine du
travailleur a sept jours, la semaine du paresseux a sept
demains. Qui se gratte les choses et en sent 4,
saura que son ennemi est derriere lui Tempête
en décembre, t'en chies en janvier Vox
Populis, populis Stupida Vox Populis (la voix du peuple) Qui
sème le vent, joue de la trompette Qui sème le vent,
récolte la tempête Bien mal acquis ne
profiteroles. Bien mal acquis ne profite jamais. Qui trop
embrasse a mal aux reins Qui trop embrasse mal étreint
Noël en aout, Pâté en croûte. Noël
au balcon, Pâques au tison Pastis du matin, pastis quand
même (Dubosc) tous les chemins mènent au rhum
(proverbe breton) tous les chemin mènent à Rome
|
70
|
Faribole
|
Ce
que l'on raconte est jugé dépourvu de tout
fondement.
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71
|
Gémination
|
En
phonétique, la gémination est une unité
suprasegmentale consistant en un redoublement de consonne, qui
possède ainsi une durée accrue perceptible à
l'oreille. C'est un cas particulier de la quantité
consonantique longue car on dit d'une consonne qu'elle est géminée
quand, phonologiquement parlant, la consonne longue est répartie
entre la fin (ou coda) d'une syllabe et le début (ou
attaque) de la syllabe suivante. Par exemple, dans un mot qu'on
analyserait [kalla], la consonne /l/ serait géminée
dans un découpage en syllabes [kal.la]. Une consonne
géminée ne peut donc pas apparaître dans un
monosyllabe.
En API, les géminées sont le
plus souvent notées par un symbole doublé, ce qui
les distingue des consonnes longues, dont le symbole est suivi par
le [ː] habituel.
La gémination n'est
généralement pas phonologique et ne permet pas de
constituer des paires minimales : elle est le plus souvent
paralinguistique et correspond, le cas échéant, à
un accent d'insistance (« c'est terrifiant ! » réalisé
['tɛʁʁifiɑ̃]) ou répond à
des critères d'hypercorrection (on corrige, en dépit
de la phonologie, sa prononciation pour être plus proche
d'une prononciation qu'on croit plus correcte : ainsi illusion
qu'on prononcerait [illy'zjɔ̃] par influence de la
graphie).
On trouve cependant des utilisations
phonologiques de la gémination, en italien par exemple, où
elle est combinée à une certaine répartition
de la durée phonétique : fata /'fata/ ['fa:ta] «
fée » ~ fatta /'fatta/ ['fat:ta] « faite ». En
français, on peut couramment distinguer par la gémination
des énoncés comme Elle a dit ~ Elle l'a dit /ɛladi/
~ /ɛlladi/. Dans une prononciation plus soutenue, la
gémination permet de distinguer le conditionnel (et
éventuellement le futur) de l'imparfait : courrais ~
courais /kurrɛ/ ~ /kurɛ/ ou encore l'indicatif du
subjonctif comme dans croyons ~ croyions /-j-/ ~ /-jj-/.
|
72
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Glossolalie
|
Apparemment
composé dans une langue étrangère (mais
inconnue), un texte est pourvu de sens par le locuteur.
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73
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Glossomanie
|
Un
texte dépourvu de tout sens a l'air d'avoir été
composé dans une langue étrangère.
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74
|
Gradation
|
La
gradation est une figure de rhétorique consistant en une
succession d'expressions allant par progression croissante ou
décroissante. Elle crée un rythme dans la phrase et
persuade par la beauté de la musique des
mots.
Exemple Sois satisfait des fleurs, des fruits,
même des feuilles, / Si c'est dans ton jardin à toi
que tu les cueilles ! (Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand).
|
75
|
Hendyadyn
(hendyadys)
|
Un
hendiadys ou hendiadyin est une figure de rhétorique qui
consiste à remplacer la subordination entre deux mots par
une coordination. Ce mot vient du grec hen dia duoin qui signifie
« un par deux ».
Exemples :
«
Penché sur l'onde et sur l'immensité. » (Hugo)
« Peto auxilium et vestras manus » Je demande de
l'aide et vos mains. Cicéron, Tusculanes, II, 37 - 41 «
Respirer l'air du lac et la fraîcheur » (Jean-Jacques
Rousseau, Cinquième promenade)
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76
|
Homéoarchton
|
Rapprochement
deux mots identiques par leur début : Le débat
débutait chez les passagers: qui, du jeune débile ou
du vieux débris, débitait le plus d'âneries ?
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77
|
Homéotéleute
(f)
|
Répartition
d'un même son à la fin d'une phrase ou des membres
d'une phrase. Exemples : "miraculeuse" /
"merveilleuse" ; "étonnante" /
"surprenante".
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78
|
Homosyntaxisme
|
Si
l'on appelle V le verbe, A l'adjectif et S le substantif, et qu'on
remplace chacun des verbes, adjectifs et substantifs d'un certain
extrait des" Enfants du Limon" de Raymond Queneau par
leur lettre correspondante, on peut alors écrire ce passage
de la façon suivante
: VVSSSSASSASSVVSSSVSVASASVSASSSSVVSSASSV.
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79
|
Hypallage
|
L'hypallage
est un procédé de rhétorique par lequel on
attribue à certains mots d'une phrase ce qui convient à
d'autres.
Un exemple d'hypallage consiste à dire «
rendre quelqu'un à la vie » à la place de «
rendre la vie à quelqu'un ».
Plus souvent
qu'autrement, l'hypallage consiste en une inversion des termes
qualitatifs. exemples : «Enfoncer son chapeau dans sa tête»,
comme le cite Littré ; « Un vieil homme en or avec
une montre en deuil », Prévert.
Il est à
noter que l'hypallage ne sème pas la confusion quant au
sens de la phrase. Il s'agit là d'un jeu esthétique.
Autrement, sans l'apport du jeu, il s'agit d'une erreur. Du
Marsais donne comme exemple: « Sa correspondance comprend la
première partie du livre ». C'est une erreur et non
pas une hypallage.
L'hypallage propose des jeux
intéressants dans un texte littéraire parce qu'elle
permet, sans perdre le sens véritable de la phrase, de lui
conférer des éléments nouveaux. Exemple
dans Phèdre de Racine (Acte IV, scène 1) : «
Phèdre mourait, Seigneur, et sa main meurtrière /
Éteignait de ses yeux l'innocente lumière. »
(pour « la lumière de ses yeux innocents »).
|
80
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Hyperbate
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L'hyperbate
ou inversion est un procédé de rhétorique qui
consiste à intervertir l'ordre naturel/habituel des mots,
sans pour autant commettre de faute grammaticale. Exemple : une
fleur jolie. C'est une figure rare en français, où
l'ordre des mots est signifiant, plus fréquente dans les
langues flexionnelles (langues slaves, latin, grec).
Un
exemple en français est néanmoins donné par
ce vers :
Et les Muses de moi, comme étranges,
s'enfuient (Du Bellay). On parlera aussi d'hyperbate au niveau
du discours : lorsque la conclusion précède le
développement, par exemple.
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81
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Hyperbole
|
L'hyperbole
(du grec hyperbolê, de hyper, « au-delà »,
et ballein, « jeter ») est une figure de rhétorique
consistant à amplifier un énoncé. C'est la
principale figure de l'exagération.
Exemple «
La liberté, c'est le bonheur, c'est la raison, c'est
l'égalité, c'est la justice, (…), c'est votre
sublime Constitution ». Camille Desmoulins Ainsi, la
phrase « Je meurs de faim » est une hyperbole.
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82
|
Hypotypose
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L'hypotypose
est une figure qui se fonde sur l'animation d'une description et
qui est destinée généralement à faire
voir au lecteur quelque chose. L'hypotypose permet de se
représenter une scène ou un objet.
|
83
|
Ironie
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L'ironie
est avant tout une forme humoristique qui consiste à dire
l'inverse de ce que l'on pense, tout en rendant évident que
ce que l'on dit est en désaccord avec ce que l'on
pense. Dans la littérature, l'ironie est l'art de se
moquer de quelqu'un ou de quelque chose en vue de faire réagir
un lecteur, un auditeur ou un interlocuteur. Il est en outre
utilisé dans l'objectif de dénoncer, de critiquer
quelque chose ou quelqu'un. Pour cela, le locuteur décrit
souvent la réalité avec des termes apparemment
valorisants, dans le but de la dévaloriser. L'ironie invite
donc le lecteur ou l'auditeur, à être actif pendant
sa lecture ou son audition, à réfléchir et à
choisir une position.
Caractéristiques L'ironie
verbale est ainsi souvent employée dans des textes et
discours argumentatifs et critiques. L'auteur utilise alors
différents procédés de style :
l'antiphrase
: dire le contraire de ce que l'on pense, en le montrant d'une
manière évidente. (ex : « Ah ! Tu es propre !
Regarde toutes ces taches ! ») l'hyperbole : exagérer
ses propos. (ex : « Il est grand, gigantesque. ») la
litote : dire peu pour suggérer beaucoup, fausse
atténuation. (« Vas, je ne te hais point » = je
t'aime) la parodie : imitation pour se moquer. la pastiche
: imitation d'une personne, d'un style, d'une profession... pour
se moquer. L'ironie se caractérise aussi par : la
typographie, la ponctuation (points d'exclamation récurrents,
questions rhétoriques, points de suspension, parenthèses,
guillemets...), l'intonation... L'emphase. Quelques genres
littéraires où l'ironie est omniprésente
:
le conte philosophique (ex : Voltaire) le roman
épistolaire (ex : Montesquieu) la satire (ex : Bossuet)
le pamphlet (ex : Voltaire) la critique littéraire
l'article, l'article de presse (ex : Diderot) l'essai (ex
: Montaigne) la fable (ex : La Fontaine) le dialogue, le
monologue (théâtre) (ex : Molière)
l'autobiographie, les mémoires (ex : Rousseau, St
Simon, Ste Beuve) L'ironie est une figure très courante qui
consiste à affirmer le contraire de ce que l'on veut faire
entendre.
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84
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Isocolons
|
On
trouve plus d'une fois la même longueur de membre de phrase.
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85
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Janotisme
|
En
rhétorique, le janotisme est la construction maladroite et
équivoque d'une phrase : J'ai acheté un gigot chez
le boucher qui était gros, on ne sait alors si c'est le
boucher ou le gigot qui était gros.
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86
|
Kakemphaton
|
En
rhétorique, le kakemphaton est une figure de mots qui
consiste en un jeu de mot, souvent un calembour ou apparenté,
réalisé involontairement. Exemples :«Je suis
romaine hélas (Ménélas), parce que mon époux
l'est (poulet)» (Corneille, Horace) «Vous me
connaissez mal : la même ardeur me brûle | Et le désir
s'accroît quand l'effet se recule (les fesses reculent)»
(Jean Racine, Polyeucte). N'êtes-vous point_étonné
(têtonné)?
|
87
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Language
à double-fond
|
Cache-t-on
sa réponse dans un énoncé qui n'a rien à
voir avec celle-ci, ex : De quelle nationalité? --- Je suis
totalement incapable de vous le dire. (Allemand).
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88
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Lieux
communs
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En
rhétorique, les lieux communs, ou topoi en grec, sont un
fonds commun d'idées ou de traitements d'une idée
qui est à la disposition de tous et dont la valeur
persuasive est traditionnellement reconnue, pour des raisons
esthétiques, parce qu'ils sont fertiles dans le domaine de
l'invention (voir Rhétorique), ou parce qu'ils font partie
des idées couramment admises par l'auditoire et peuvent par
là renforcer son adhésion. L'orateur (mais aussi
l'auteur d'écrits) peut, et même doit y recourir,
mais il lui faut trouver le moyen de les présenter d'une
manière personnelle et appropriée à la
situation.
Dans le langage courant, cette expression a pris
un sens péjoratif et désigne le recours à des
idées maintes fois répétées, usées
et creuses. On dira ainsi : « Ce discours est un tissu de
lieux communs, aucune invention, rien de personnel ! »
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89
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Lipogramme
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Un
lipogramme est un texte d'où sont délibérément
exclues certaines lettres de l'alphabet. La notion a été
inventée au sein de l'Oulipo. Le mot lipogramme vient des
racines grecques leipein (enlever, laisser) et gramma
(lettre).
Les lipogrammes littéraires les plus
célèbres sont les romans de Georges Perec, La
Disparition, écrit sans utiliser la lettre e, et Les
Revenentes, dans lequel e est au contraire la seule voyelle
utilisée ! Aussi incroyable que cela paraisse, La
disparition a été traduit en anglais et en espagnol,
et Les revenentes a été traduit en anglais, et leurs
traductions sont aussi des lipogrammes ! En espagnol, cependant,
du fait de contraintes liées à la langue, la
traduction de La disparition omet non pas le e mais le a.
Un
lipogramme qui n'utilise qu'une des cinq voyelles de l'alphabet,
s'appelle un « monovocalisme ». Et celui qui en
utilise seulement deux, un « bivocalisme ».
On
appelle « lipogrammatiste » un écrivain
utilisant un tel procédé. Perec affirme que le plus
vieux lipogrammatiste est un certain Laos d'Hermione (VIe siècle
av. J.-C.) qui composa deux poèmes sans utiliser la lettre
sigma.
Lorsque ni les claviers d'ordinateur ni les
imprimantes ne possédaient de lettres accentuées, on
s'efforçait parfois de rédiger des présentations
en lipogrammes excluant ces dernières. La concision n'y
gagnait certes pas, mais l'exercice se révélait
certainement stimulant.
La plupart des langues
artificielles sont en fait des lipogrammes. D'abord deux exemples
: en portugais, le b et le v se confondent à l'oreille ; en
chinois, le r n'existe pas. Une nouvelle langue espérant
attirer ces clients potentiels éliminera celles-là...
ou d'autres. Inconvénient : les racines d'origine des mots
sont alors moins apparentes. On peut dans ce cas considérer
même que tout langage, quel qu'il soit, est lipogrammatique
: l'hébreu n'utilise pas les lettres de l'alphabet
glagolitique, les langues latines n'utilisent pas les
hiéroglyphes, etc.
Tout le texte précédent
est par exemple un lipogramme en « k », « w »
et « z ».
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90
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Litote
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En
rhétorique, la litote est une figure de sens qui consiste à
dire moins pour faire entendre plus, le verbe étant souvent
à la forme négative. Comme l'euphémisme, la
litote peut servir l'ironie. Exemple : l'énoncé
« Il n'est pas laid. » pour dire « Il est beau.
» est une litote.
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91
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Macrologie
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Le
sens revient mais avec une autre phrase et en d'autres termes, ex
: N'avez-vous pas honte? murmure-t-il. Scandale! s'écrient
en choeur les passagers.
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92
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Métaphore
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La
métaphore est une figure de style implicite. C’est
une comparaison sans outil de comparaison. Elle associe deux sèmes
afin de créer une certaine image, une correspondance
inédite impossible dans la realité. Ainsi, la
métaphore remplace un mot A par un mot (ou une courte
expression) B :
A et B ont un point commun mais A n'est
pas explicité (A a disparu : il est remplacé par B)
le point commun entre A et B n'est pas explicité il
n'y a aucun mot-outil signalant la comparaison. La métaphore
n'est donc pas toujours immédiatement compréhensible
: le lecteur doit deviner la relation que l'auteur a établie
; du coup, le lecteur découvre la manière de voir de
l'auteur. La métaphore joue avec le langage et c’est
grâce à un effort d’interprétation que
le lecteur perçoit une ressemblance entre ses deux termes.
Par exemple, dans le phrase suivante de Norge: « L’aurore
est un cheval (qui s’ébrouant, chasse au loin les
corneilles) », l’aurore et le cheval sont
respectivement le comparé et le comparant 3 types : La
métaphore annoncée ou continuée : réalisée
lorsque les deux termes présents dans l’énoncé,
le comparé et le comparant, sont liés
grammaticalement. Exemple: “Je me suis baigné
dans le poème de la mer” Arthur Rimbaud
La
métaphore directe : il manque du comparé et de ce
fait le passage d’une réalité à l’autre
n’est pas annoncé directement. Exemple: “Et
les thermomètres eux-mêmes regagnaient l’ombre
en couinant” ou “des mains frisées couraient de
toutes parts sur la neige”.
La métaphore filée
: développée au cours d’un texte est une suite
de métaphores engendrées par une métaphore
principale.
Exemple dans Les Fleurs du Mal de
Baudelaire : Souvent, pour s'amuser, les hommes
d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des
mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire
glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils
déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur,
maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes
blanches Comme des avirons traîner à côté
d'eux. [...]
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93
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Métaplasme
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En
rhétorique, on nomme métaplasme toute modification
phonétique ou morphologique qui altère l'intégrité
d'un mot par addition, suppression, substitution ou permutation
(soient les quatre opérations fondamentales qu'a bien
décrites le Groupe µ) d'unités (phonétiques
ou morphologiques).
Les métaplasmes sont décrits
en détail dans les articles qui leur sont
consacrés.
Sommaire 1 Métaplasmes par
addition 2 Métaplasmes par suppression 3
Métaplasmes par fusion 4 Métaplasmes par
déplacement ou permutation 5 Articles connexes
Métaplasmes par addition prosthèse
: ajout d'un ou plusieurs phonèmes en début de mot ;
paragoge (et phonème éphelcystique, liaison) :
ajout d'un ou plusieurs phonèmes en fin de mot ; anaptyxe
: insertion d'un phonème vocalique entre des consonnes ;
épenthèse : insertion d'un phonème
vocalique ou consonantique entre des consonnes ; diérèse
: séparation d'une syllabe en deux par vocalisation d'une
spirante ;
Métaplasmes par suppression
syncope (et hyphérèse) : suppression d'une
syllabe complète ; apocope (et élision) :
suppression d'un ou plusieurs phonèmes à la fin du
mot ; aphérèse (et élision inverse) :
suppression d'un ou plusieurs phonèmes au début du
mot. Toutes ces suppressions sont des
amuïssements.
Métaplasmes par fusion
Quand deux voyelles sont en hiatus, leur fusion est une
synalèphe par :
contraction ; crase ; synérèse
; kṣaipra ; synizèse ; coalescence.
Métaplasmes par déplacement ou
permutation métathèse : permutation d'un
ou plusieurs phonèmes plus ou moins proches ; métathèse
de quantité : permutation de la quantité vocalique
de voyelles en contact. anagramme : procédé
littéraire de permutation de lettres. contrepèterie
: anagramme étendu à une phrase.
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94
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Métonymie
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La
métonymie (du grec metônumia, « changement de
nom ») est une figure de rhétorique par laquelle un
concept est dénommé à partir d'un mot
désignant un autre concept. Il existe donc une relation
obligée comme la cause pour l'effet, la partie pour le
tout, ou le contenant pour le contenu.
La métonymie
remplace un mot A par un mot (ou une courte expression) B : A «
englobe » souvent B ou le contraire (les grammairiens
l'appellent alors « synecdoque »), mais il peut n'y
avoir qu'un rapport logique entre A et B. A n'est pas
explicité (il a disparu : il est remplacé par B) de
même, la relation entre A et B n'est pas explicitée
en outre, il n'y aucun mot-outil signalant l'opération.
De manière simplificatrice, on peut dire que la
métonymie consiste à remplacer le tout par la partie
: dire « une lame » pour désigner un couteau ou
un escrimeur (« c'est une fine lame »), dire «
une voile » pour désigner un voilier... Cette figure
est très fréquente dans le langage courant, car elle
est « économique » : elle permet une expression
courte et frappante.
Exemples B est une partie de A
(synecdoque) : Toutes les gueules noires se rassemblèrent.
B est le contenant de A : Ils burent chacun un verre ensemble.
B est la matière dont est fait A : Par ce temps-là,
mieux vaut mettre une petite laine. B est l'auteur de A : Je
ne me lasserai jamais de lire un Zola ou un Maupassant. B est
joué par A : Alors le premier violon de l'orchestre attaqua
son solo. B est utilisé par A : Mon père est une
sacrée fourchette
!
« boire la mort » pour « boire le poison
»), ou de contenant à contenu (exemple : «
boire un verre » pour « boire le contenu d'un verre »)
ou encore de partie à tout (exemple : « une lame »
pour dire « une épée »).
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95
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Mot-valise
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Le
mot-valise est un jeu de mots qui consiste à prendre deux
mots ayant une partie commune et à les mêler pour
faire un néologisme. Au contraire de la composition et de
la dérivation, dans la création d'un mot-valise les
constituants de départ s'étant télescopés
ils ne sont plus entièrement reconnaissables. Le processus
de fusion utilisé consiste le plus souvent en une
haplologie : la partie commune des deux mots n'est pas répétée.
D'autres fois, c'est une syllabe d'un des mots qui est simplement
oblitérée.
Ainsi :
squatter +
heureux-se → squatteureux-se (au lieu de squatterheureux-se)
; escalator + torpille → escalatorpille (au lieu
d'escalatortorpille) ; serpent + pantalon → serpentalon
(au lieu de serpentpantalon). La création de
mots-valises permet un nombre illimité de combinaisons, ce
qui ne peut manquer de séduire les écrivains et les
passionnés de jeux de langage :
milichien : chien
policier ; primaturé : singe né avant terme ;
chérisson : être dont on aime le charme piquant ;
pousstache : moustache ayant poussé ; mahominette :
jeune fille voilée ;
En linguistique, le terme peut
être utilisé comme synonyme plaisant de forme
contractée (forme unique issue de deux lexèmes qu'on
ne peut plus reconnaître : à + le → au, de + les
→ des, etc.).
L'équivalent anglophone de «
mot-valise » est Portmanteau
Le but : "enrichir
la langue lutter contre les dictationnaires" Bruno San Marco
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Mirage
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Il
s'agit d'une perception déformée par les apparences
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Néologisme
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Le
néologisme (du grec νέος néos
« nouveau » et λόγος
lógos « mot ») est un nouveau lemme (ou la
création d'un nouveau lemme) apparaissant dans le lexique
d'une langue, construit (par dérivation, dérivation
impropre, composition lexicale, acronymie, abréviation,
utilisation d'un mot-valise, etc.) et non hérité
d'un état plus ancien de la langue. Le néologisme
peut avoir un auteur, au contraire des mots hérités.
Le
néologisme est considéré comme tel tant qu'il
est encore mal lexicalisé, soit qu'il apparaisse trop
récent aux oreilles des locuteurs, ou bien qu'il soit
d'usage limité (à un jargon, un sociolecte, etc.).
S'il se maintient dans le lexique (et n'est pas seulement un effet
de mode), les locuteurs n'auront, au bout d'un temps variable,
plus l'intuition de sa nouveauté. C'est quand le néologisme
est acquis par un assez grand nombre de locuteurs qu'on peut dire
qu'il est lexicalisé. Dans ce cas, il commence généralement
par être admis par certains dictionnaires. Il convient de se
rappeler que ceux-ci ne font que représenter l'usage : ce
n'est pas parce qu'un dictionnaire accepte un néologisme
que celui-ci est, ipso facto, lexicalisé mais
l'inverse.
Une marque de fabrique, commerciale, ou de
service peut n'être constituée que d'un simple
dessin. Mais lorsque des lettres sont utilisées, la loi
française interdit l'usage de termes usuels. Cela conduit à
la création de néologismes.
Exemples de
néologismes Informatique : mot-valise créé
à partir d'information et automatique. Le mot est
maintenant parfaitement lexicalisé ; autobus :
mot-valise crée sur automobile et bus, ancienne désinence
latine lexicalisée par métanalyse puis hypostase à
partir d'omnibus. Le mot est maintenant lui aussi parfaitement
lexicalisé et le suffixe bus permet de construire d'autres
néologismes comme abribus ; abracadabrantesque :
adjectif dérivé de abracadabra, utilisé pour
la première fois par Arthur Rimbaud « Ô flots
abracadabrantesques, / Prenez mon cœur qu'il soit sauvé
» (« Le cœur volé » dans Poésies)
; alunir, par changement du radical de atterrir ; e-commerce,
pour le commerce consacré exclusivement à Internet ;
le e de électronique est ajouté à commerce
comme dans e-mail, « courrier électronique »
(anglicisme). logiciel, baladeur, VTT (vélo tout
terrain) sont des néologismes créés par les
commissions ministérielles de terminologie pour lutter
contre le franglais.
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98
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Oxymore
(oxymoron)
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Un
oxymore (ou oxymoron), ou une alliance de mots, est une figure de
rhétorique. Deux mots désignant des réalités
contradictoires sont étroitement liés par la
syntaxe. En exprimant ce qui est inconcevable, le poète
crée ainsi une nouvelle réalité poétique.
Le
terme oxymoron provient du grec oxumôron (de oxus «
aigu » et môros, « sot, fou »).
Exemples
:
« Je sais que c'est la coutume / D'adorer ces nains
géants. », Victor Hugo « Cette obscure
clarté qui tombe des étoiles. », Pierre
Corneille « Je la comparerais à un soleil noir,
si l'on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière
et le bonheur », Baudelaire « Un silence
assourdissant ». Exemple particulièrement
sophistiqué :
« Une chute sans gravité
» Un procédé grinçant et répandu
consiste à affecter de considérer comme oxymore une
expression qui ne cherche pas à l'être, par exemple :
musique contemporaine, cuisine anglaise, intelligence économique,
culture américaine, homme politique, art moderne,
développement durable, etc.
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99
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Palindrome
|
Un
palindrome est une suite de signes graphiques (lettres, chiffres,
symboles...) qui peut se lire de gauche à droite et de
droite à gauche (pour les mots français, on ne tient
généralement pas compte des accents). Lorsque le
palindrome est constitué de plusieurs mots, le découpage
en mots peut varier selon le sens de lecture.
Du grec palin
(nouveau) et dromos (course). Aussi appelé autrefois:
Sotadiques, du poète grec Sotades (300av. J.-C.) qui passe
pour les avoir inventés.
À ne pas confondre
avec un anacyclique dans lequel la lecture de droite à
gauche donne un mot différent de celui obtenu par une
lecture de gauche à droite (exemple : Trace qui donne
Ecart).
Le plus long palindrome jamais inventé est
probablement celui de Georges Perec, qui comprend 5 566 lettres,
soit le produit de la multiplication palindromique
11*23*2*11.
Honneur à une langue indienne, le
malayalam, parlé dans l'état de Kerala.
En
français
Noms communs palindromiques de 5 lettres :
radar, rêver, rotor et kayak. Si l'on admet les pluriels, on
peut y ajouter sèmes, sèves, sexes, etc. À
Laval, elle l'avala. À l'étape, épate-la
! (Louise de Vilmorin) Bon sport, trop snob. Eh, ça
va la vache ? (Louise de Vilmorin) Elu par cette crapule.
Emile Eric, notre valet, alla te laver ton ciré élimé.
Engage le jeu, que je le gagne ! Esope reste ici et se
repose. Et la marine va, papa, venir à Malte
(alexandrin attribué à Victor Hugo). Et Luc
colporte trop l'occulte. Et se resservir, ivresse reste.
L'âme sûre ruse mal (Louise de Vilmorin) L'ami
naturel ? Le rut animal. (Louise de Vilmorin) La malade pédala
mal. La mariée ira mal. Léon, émir
cornu, d'un roc rime Noël. (Luc Etienne) Léon a
erré à Noël. Léon a rasé
César à Noël. Réussir à Paris
: suer. Sévère mal à l'âme, rêves.
(Luc Etienne) Sexe vêtu, tu te vexes (Luc Etienne) Suce
ses écus. (Louise de Vilmorin) Ta belle porte s'use
trop, elle bat. Trace là mon nom à l'écart.
Tu l'as trop écrasé, César, ce Port-Salut
! Un
roc lamina l'animal cornu.
Quelques prénoms : Eve,
Anna, Hannah, Ada, Bob, Otto... Quelques
villes : Laval, Noyon, Sées, Senones. Une rivière
: Erdre.
En latin
Signa te, signa ; temere me
tangis et angis ? « Signe-toi et signe, ne te rends-tu pas
compte que tu me serres et m'étrangles ? » Roma
tibi subito motibus ibit amor. « À Rome, l'amour,
soudain, te viendra. » Si
bene te tua laus taxat, sua laute tenebis. (Pline) In girum
imus nocte et consumimur igni. «
Nous allons en rond dans la nuit et nous sommes consumés
par le feu.» Sole medere pede ede perede melos (Ausone)
Odo tenet mulum, madidam mappam tenet Anna Anna tenet mappam
madidam, mulum tenet Odo (William Camden) Sator arepo tenet
opera rotas. « Le semeur Arepo tient sa roue avec
difficulté. » Ce palindrome est aussi un carré
magique dissimulant un cryptogramme se lisant « Pater noster
» : SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS
En
grec
Νίψον aνοήματα
μn μόναν oψιν. « Lave mes
péchés et non mes seuls yeux. ».
En
allemand
Nur du, Gudrun. «
Rien que toi, Gudrun. » Ein Neger mit Gazelle zagt im
Regen nie. «
Un nègre avec une gazelle n'hésite jamais sous la
pluie. »
En anglais
Madam, in Eden I'm Adam.
« Madame, dans l'Eden je suis Adam. » A
man, a plan, a canal: Panama. Able was I ere I saw Elba. I
prefer Pi. Rats live on no evil stars
En espagnol
Amo
la pacifica paloma. « J'aime la colombe pacifique. »
Dabale
arroz a la zorra el abad.
En finnois
Saippuakauppias.
«
Marchand de savon. » Isä, älä myy
myymälääsi. « Papa, ne vends pas ton magasin.
»
En hongrois
Géza, kék az ég.
« Géza, le ciel est bleu. »
En
estonien
Aias sadas saia. « Dans le jardin, il
pleuvait du pain blanc. »
En japonais Les
palindromes sont dénommés kaibun : Shinbun shi.
(shi n bu n shi) « Papier journal ». Takeyabu
yaketa. (ta ke ya bu ya ke ta) « Le bosquet de bambou a
brûlé ». Note : les transcriptions en
caractères latins ci-dessus ne sont pas symétriques,
mais en japonais, chaque syllabe correspondant à un seul
caractère, il s'agit bien de palindromes (しんぶんし
&
たけやぶやけた).
En coréen Les palindromes sont dénommés
huimunche ogu : Saingson sonsaing. (Saing son son saing) «
Le professeur Poisson. » Note : même remarque que
pour le japonais
En espéranto
Ne mateno,
bone tamen. (Pas le matin me conviendra cependant) La vedo
celas: ne malsatas lam' en saleco de val'.
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Pangramme
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Un
pangramme (du grec pan : « tous » et gramma : «
lettre ») est une phrase comportant toutes les lettres de
l'alphabet : c'est la forme extrême du tautogramme. Avec un
peu d'ingéniosité, il est facile d'en créer
sur le modèle des phrases réflexives : Jugez que ce
texte renferme l'alphabet, dix voyelles, k et w. (Thérèse
Amiel) Portez ce whisky au vieux juge blond qui fume.
Un
pangramme ne peut évidemment comporter moins de 26 lettres
(42 si l'on compte les lettres accentuées et diphtongues :
à, â, é, è, ê, ë, î,
ï, ô, ö, ù, û, ü, ç, æ
et œ). Si l'on peut atteindre la limite théorique en
recourant massivement aux abréviations et sigles, le talent
consiste à construire une phrase cohérente la plus
courte possible, sans lettres solitaires, ni abréviation ou
sigle. Le chef d'œuvre du genre est un pangramme de 37
lettres seulement, parfaitement sensé et, de plus,
alexandrin : Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume.
Ce
pangramme a été parfois attribué à
Georges Perec — célèbre membre de l'Oulipo, ou
peut-être membre qui a aidé l'Oulipo à devenir
célèbre. Il était cependant paru en 1957 dans
l'édition belge du journal de Mickey (et attribué à
un personnage imaginaire du journal nommé Eega Beeva), ce
qui invalide sans doute la piste Perec, celui-ci n'ayant à
l'époque que 21 ans. L'article faisait également
remarquer que chaque consonne n'y était utilisée
qu'une seule fois ! Exemples de pangrammes Voici d'autres
pangrammes, littérairement plus ou moins réussis.
Seules sont retenues des phrases ayant (à peu près)
un sens, sans nom propre ni abréviation et correctement
accordées. La première — franchement inepte !
— est utilisée comme phrase de démonstration
de certaines polices typographiques : Voix ambiguë d'un
cœur qui, au zéphyr, préfère les jattes
de kiwis. (Anonyme) (53) Voyez ce jeu exquis wallon, de
graphie en kit mais bref. (Caroline Vaillant) (45) Prouvez,
beau juge, que le fameux sandwich au yak tue. (Richard Barbeau)
(42) Vieux pelage que je modifie : breitschwanz ou yak ?
(Frédéric Schmitter) (40) Fougueux, j'enivre la
squaw au pack de beau zythum. (Richard Barbeau) (40) Ketch,
yawl, jonque flambant neuve... jugez des prix ! (Laurent
Chaussard) (40) Le moujik équipé de faux
breitschwanz voyage. (Gilles Esposito-Farèse) (38) Jugez
qu'un vieux whisky blond pur malt fonce. (Renaud Lavigne) (37)
Faux kwachas ? Quel projet de voyage zambien ! (Gilles
Esposito-Farèse) (36) Kiwi fade, aptéryx, quel
jambon vous gâchez ! (Gilles Esposito-Farèse) (35)
Fripon, mixez l'abject whisky qui vidange. (Jean-Luc Piédanna)
(34) Vif juge, trempez ce blond whisky aqueux. (Jean-Luc
Piédanna) (33) Vif P-DG mentor, exhibez la squaw
jockey. (Jean-Luc Piédanna) (32) Juge, flambez l'exquis
patchwork d'Yvon. (Thérèse Amiel) (32) Perchez
dix, vingt woks. Qu'y flambé-je ? (Frédéric
Schmitter) (30) Il semblerait qu'on ne pût créer
un pangramme de moins de 30 lettres qu'en rendant la phrase
inintelligible — ce n'est donc plus du français ! —
et les pangrammes de moins de 28 lettres, envahis d'abréviations,
de noms propres ou de sigles, n'ont guère de sens : Whisky
vert : jugez cinq fox d'aplomb. (OuLiPo) (29) Jerk ! zig vint
: body, phlox, musc, waqf. (Pascal Kaeser) (28) Clown au QG :
rythmez dix kJ BF, SVP. (Renaud Lavigne) (26)
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Parabole
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Une
parabole est une figure de rhétorique, consistant en une
courte histoire qui utilise les évènements
quotidiens pour illustrer une morale ou une doctrine. Par exemple,
cette figure est utilisée abondamment dans les Évangiles
chrétiens.
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Parodie
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On
rapproche son style de celui d'un autre écrivain par
dérision.
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Parallèle
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On
rapproche deux choses à la faveur de ce qu'elles ont de
commun en l'explicitant, ex : On peut considérer les deux
épisodes successifs comme semblables. Le jeune homme y
entre en relation avec son interlocuteur sur un mode affectif
marqué (agressivité /cordialité), mais il
capitule presque aussitôt (fuite/conseil reçu).
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104
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Parallélisme
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Le
parallélisme est une figure de rhétorique qui
consiste à juxtaposer ou à coordonner deux phrases
ou membres de phrase (en poésie, parfois, deux vers) ayant
une structure identique. Le parallélisme est souvent fondé
sur une antithèse. La figure correspond à : A B, A'
B'. Exemple : "L'ironie blesse, l'humour guérit,
L'ironie peut tuer , l'humour aide à vivre, L'ironie veut
dominer, l'humour libère, L'ironie est impitoyable,
l'humour est miséricordieux, L'ironie est humiliante,
l'humour est humble" (Comte-Sponville, Petit traité
des grandes vertus), (sonore: on établit une correspondance
entre les éléments de phrase du point de vue des
sons, ex : Bretelle de dentelles)
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105
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Paranomase
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En
rhétorique, la paronomase est une figure de mots qui
consiste en un rapprochement de paronymes, c'est-à-dire des
mots ayant une ressemblance dans leur prononciation (par ex :
antipathie, empathie ; précipiter, précisément)
mais une signification différente, dans un même
énoncé. Exemples : « Qui vole un œuf
vole un bœuf » « Qui vivra verra. »
ou encore « Tu parles, Charles ! » "Ce débile
a laissé une impression indélébile" . La
paronomase utilise des paronymes (des mots qui se ressemblent par
leurs sons). (APPROXIMATION PARONYMIQUE = Accumulation des
paronymes sans retrouver la forme exacte : Ton copain Cruzalié,
Crousapied... --- Cordelier. --- C'est ça)
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106
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Paronyme
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Deux
mots sont presque de même prononciation.
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107
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Parasynonyme
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Il
s'agit d'un synonyme imparfait, ex : Un individu quelconque,
effacé, discret.
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108
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Parataxe
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La
parataxe est une forme d'asyndète qui consiste à
juxtaposer deux propositions qui devraient être unies par un
rapport syntaxique de subordination. (absence de subordination
entre les propositions)
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109
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Pastiche
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Il
s'agit d'imiter en les dénudant les artifices d'un auteur.
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110
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Période
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En
rhétorique, la période est une phrase soignée
et d'une certaine ampleur, dont le rythme et, éventuellement
les sonorités, donnent l'impression d'un cycle, un
sentiment de complétude, à la manière d'une
phrase musicale, dont la fin se laisse pressentir — on
attend la cadence.
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111
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Périphrase
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La
périphrase est une figure de rhétorique.
La
périphrase remplace un mot A par une expression B
: l'expression B est composée de plusieurs mots qui
soulignent l'une des caractéristiques de A (notamment en
exprimant un jugement favorable ou défavorable). A
n'est pas explicité (il a disparu : il est remplacé
par B) Absence totale de tout mot-outil signalant l'opération.
La difficulté a principalement pour origine la
caractéristique de A exprimée par B : même si
on sait ce qu'est A, on ne sait pas forcément qu'il a la
caractéristique B. (La métonymie, elle, est presque
toujours facile à comprendre car, si on connaît A, on
connaît très fréquemment sa caractéristique
B) En conséquence, la périphrase nécessite
une bonne connaissance du sujet pour être
comprise. Exemples Le toit du monde (mis pour l'Himalaya)
Le billet vert (mis pour le dollar) Le roi des animaux
(mis pour le lion) L'homme du 18 juin (mis pour Charles De
Gaulle)
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112
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Périssologie
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La
périssologie est une figure de rhétorique qui
désigne l'usage de pléonasmes sans intention
littéraire. Exemple : panacée universelle, fausse
perruque, au jour d'aujourd'hui…
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113
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Personnification
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La
personnification est une figure de rhétorique. C'est la
description d'une chose (inanimée) sous forme d'être
vivant. Elle a pour effet de transformer le monde et de le rendre
animé.
Les fronts audacieux des palais romains.
(Joachim du Bellay)
Une grenouille vit un bœuf (...)
Envieuse, s'étend et s'enfle. (Jean de La Fontaine)
Et
leur troupe à la fin se rendit familière/ Jusqu’à
sauter sur l’épaule du roi . (Les grenouilles qui
demandent un roi, Jean de La Fontaine). Rq: La Fontaine attribue
aux grenouilles les sentiments, les passions, les actes, et les
traits de l'homme, c’est donc une personnification et plus
précisément de l'anthropomorphisme.
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114
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Pléonasme
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Un
pléonasme est un terme de rhétorique désignant
une figure de style où on utilise plus de mots que
nécessaire pour exprimer une idée et ainsi la
renforcer. (quasi-pléonasme : Un mot ajoute un élément
de sens malgré une apparente redondance, ex : Je l'ai
attendu deux heures de temps)
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115
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Polyptote
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Un
polyptote consiste à employer plusieurs formes
grammaticales (genre, nombre, personnes, modes, temps) d'un même
mot, dans une phrase. Exemple dans l'Oraison funèbre
d'Henriette-Anne d'Angleterre de Bossuet : « [...] Madame se
meurt ! Madame est morte ! [...] ». Ou encore « Tel
est pris qui croyait prendre. » (= Isolexisme : Même
lexie sous différents vocables : Le bouton de ce boutonneux
était donc déboutonné?!, Le même mot
revient sous une autre forme ou une autre fonction : Vous savez,
les chaussées sont aussi déchaussées que vous
êtes bien chaussé! (morphologique : on garde le même
vocable tout en faisant varier les actualisations : Un autobus.
Mon autobus ; syntaxique : le même vocable actualisé
revient-il avec différentes fonctions grammaticales, ex :
Laisse ce bouton. Tu parles avec moi, à moi... pas de
moi!))
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116
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Prétérition
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La
prétérition est une formule de rhétorique,
consistant à parler de quelque chose en commençant
par annoncer qu'on ne va pas en parler. Elle permet de dire une
chose sans en prendre l'entière responsabilité.
Exemple
: Je n'ai pas besoin de vous présenter monsieur Paul.
Dupont, pour ne pas le nommer. Je n'ai pas envie de vous cacher
la vérité mais je préfère la garder
pour moi. Je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler qu'il
est nécessaire de posséder un permis pour la
conduite d'un véhicule moteur.
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117
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Prolepse
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En
rhétorique, la prolepse est une figure par laquelle on
prévient une objection, en la réfutant d'avance. Par
exemple, «Cela serait trop long à expliquer.»
En littérature, la prolepse est une figure de style par
laquelle sont mentionnés des faits qui se produiront bien
plus tard. « Cet hiver 1657 était notre première
« mauvaise saison » et il ne fut pas des plus
cléments. [...] Début avril, les jours commencèrent
à rallonger sensiblement. » M. Piquenal, Le Pionnier
du Nouveau Monde. Tant sur le plan litteraire que rhétorique,
on peut simplifier grossièrement le concept en disant que
c'est l'opposé d'un "flash-back".
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118
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Prosopopée
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La
prosopopée est une figure de rhétorique. Elle
consiste à faire parler un mort, un animal, une chose
personnifiée. Elle engendre une métamorphose
complète du monde, pour avoir une meilleure attention du
lecteur qui n'a plus de références au monde réel,
et donc le persuader plus facilement. Exemple Je suis la
pipe d'un auteur ;/ On voit, à contempler ma mine,/
D'Abyssinienne ou de Cafrine,/ Que mon maître est un grand
fumeur. (Charles Baudelaire)
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119
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Pseudo-langage
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Il
y a imitation des sons d'une langue (sans mots connus).
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120
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Pseudo-négation
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On
fait semblant de nier pour ensuite renforcer l'affirmation, ex :
Ce n'était pas une dérobade, c'était de la
pleutrerie.
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121
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Redondance
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En
linguistique, la redondance est la répétition
inutile d'un mot, ou expression de la même idée par
deux formulations différentes au sein d'une même
phrase. Exemple : «Je monte en haut». Le
pléonasme est souvent assimilé à la
redondance, bien qu'il désigne originellement une figure de
style consistant en une répétition effectuée
pour persuader ou renforcer le sens. Exemple : «Le
corbeau honteux et confus» (de la fable, Le Corbeau et le
Renard de Jean de La Fontaine)
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122
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Réfutation
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La
réfutation désigne un procédé de
rhétorique qui consiste à commencer un discours en
citant explicitement des thèmes ou des affirmations que
l'on y exclut dans la suite. Ainsi « Chers amis, je ne vous
ferai pas un long discours, mais, etc., etc. » (…). Procédé
souvent destiné à dégager la responsabilité
de l'auteur des propos quant au contenu de la suite du discours :
« Je ne suis pas raciste, mais je n'aime pas les noirs »
constitue une utilisation caricaturale de la réfutation.
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123
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Répétition
|
La
répétition est une figure de rhétorique qui
consiste à utiliser plusieurs fois un mot ou une expression
pour communiquer plus d'énergie au discours, pour renforcer
une affirmation, un plaidoyer.
Par exemple, le personnage
de Camille dans la pièce de Corneille, Horace, dans l'acte
IV, scène 5:
Rome, l'unique objet de mon
ressentiment Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon
amant Rome, qui t'a vu naître et que ton cœur
adore Rome, enfin, que je hais parce qu'elle t'honore !
|
124
|
Réticence
|
En
rhétorique, la réticence est une figure de
construction qui consiste en un énoncé inachevé
dont le sens reste clair. La réticence est employée
pour atténuer le sens d'une expression en laissant le soin
à l'interlocuteur d'en deviner la suite. Dès lors,
la réticence peut exploiter le caractère polysémique
de l'énoncé. Exemples «Il parlait de...
enfin tu auras deviné.» «Il en a.»
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125
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Rime
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Les
différents types de rimes :
1)
Rimes croisées ou alternées :
ABAB.
2)
Rimes embrassées : ABBA.
3)
Rimes suivies, plates ou jumelles :
AABB.
4)
Rimes redoublées :
AAA.
5)
Rimes mêlées :
succession libre, ex : ABBAA.
6)
Rimes redoublées : répétition
des mêmes mots.
7)
Rimes annexées :
reprise au commencement du vers suivant.
"
Il faut que vous me donniez la force La force de revenir vous
voir Vous voir en chair et en os, En os c'est le cri du
désespoir... Désespoir... " (Pierre
BRANDAO)
8)
Rimes fraternisées ou fratrisées :
reprise au commencement du vers suivant, avec d’autres mots
:
"
Que je ne sois pas fort, admettons ! Mais ton orgueil te
dépasse ! Et passes ton chemin, vil avorton, Hors ton
courroux qui me laisse de glace ! " (Pierre
BRANDAO)
9)
Rimes enchaînées :
reprise tout au long des vers comme une assonance.
10)
Rime féminine :
terminée par un e muet/caduc/féminin/sombre. Ex :
mélancolie, abolie.
11)
Rime masculine :
autres cas. Ex : inconsolé, constellé.
12)
Rime riche : quand
la répétition est de 3 phonèmes ou plus. Ex :
D’aller
là-bas vivre ensemble ! […] au pays qui te
ressemble !
(Baudelaire).
13)
Rime suffisante :
la répétition est de 2 phonèmes.
14)
Rime pauvre :
la répétition est d’une voyelle (1 phonème
ne suffit pas à faire une rime).
15)
Rime hétéro :
Entend-on faire rimer une finale masculine avec une finale
féminine de même voyelle, ex : Deux p'tits gars, A la
gare.
16)
Contre-rime :
Il y a à la rime identité des consonnes seulement,
De douleur il se tord, Mais il était trop tard, Et puis
pour l'encolure, Pas encore l'heure.
17)
Rime apophonique : 2
vers sont apparentés par des consonnes finales communes et
des voyelles proches, ex : Conseil vestimentaire, Reçu
devant la gare.
18)
Rime batelée
:
la rime finale se retrouve à l'hémistiche. Attention
: cette rime n'est pas tolérée pour l'alexandrin,
elle casse l'harmonie du poème.
19)
Rime couronnée
:
la
fin du vers se termine par deux mots " forçant "
la rime, comme si l'écho lui était donnée : "
Il est rentré dans un manoir noir, Pour en ressortir
plein de faiblesse... Laisse, Il faut qu'il puisse s'asseoir,
soir Qui le voit priver d'allégresse... qu'est-ce ?
" (Pierre
BRANDAO)
20)
Rime double couronne
:
c'est
la même chose que la rime couronnée, sauf que l'on
retrouve l'écho également à l'hémistiche
ou à la césure principale du vers.
21)
Rime empérière ou impératrice
:
elle reprend l'idée de la rime couronnée, mais la
syllabe servant de rimes apparaît trois fois au lieu de
deux.
22)
Rime équivoque
:
il s'agit de rimes de mots divisés en deux : rimailleurs
pour rimes
ailleurs,
la
Tour Magne à Nimes
pour la
tour magnanime,
étonnant
pour et
tonnant,
rêvassez
pour rêve
assez,
etc...
23)
Rime senée
:
Tous les mots composant le vers commencent par la même
lettre.
24)
Rime kyrielle
:
C'est la reprise d'un vers à la fin d'une strophe pour
obtenir un effet de quatrain.
25)
Rime rétrograde
:
Elle
n'est pas évidente à réaliser. Le but est de
construire un texte dont le sens et l'harmonie ne seraient pas
altérés s'il était lu de façon
inversée. Ex :
"
Triomphalement cherchez honneur et prix, Désolés
cœurs, méchants infortunés, Terriblement
êtes moqués et pris. "
"
Prix et honneur cherchez triomphalement, Infortunés
méchants, cœurs désolés, Pris et
moqués êtes terriblement. "
(Gilles
Sorgel - traité de prosodie)
26)
Rime brisée
(ou
vers brisés, ou vers rapportés) :
le vers est divisé en deux, les deux hémistiches ne
riment pas forcément entre eux mais avec les hémistiches
des vers suivants ; les différentes parties pouvant
présenter un sens différent de celui de l'ensemble
: "
Que je sois roi, Que
tu sois reine, Que je sois
proie, Proie de ta
haine, Tout cela n'amène
qu'en moi Un
désir extrême Celui
qui cause un désarroi De
dire je t'aime ! " (Pierre
BRANDAO)
27)
Rimes orpheline :
Il existe au moins trois mots qui ne riment avec aucun autre mot
de la langue française : "belge",
"pauvre"
et "quatorze".
28)
Holorimes :
les rimes s’étendent sur tout le vers. Ex :
Je
t'attends samedi, car Alphonse Allais, car A
l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la
campagne ! Allons
- bravo ! - longer la rive au lac, en pagne ; Jette
à temps, ça me dit, carafons à
l'écart. Laisse
aussi sombrer tes déboires, et dépêche ! L'attrait
(puis, sens !) : une omelette au lard nous rit, Lait,
saucisse, ombre, thé des poires et des pêches, Là,
très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit. Et,
le verre à la main, - t'es-tu décidé ?
Roule - Elle
verra, là mainte étude s'y déroule, Ta
muse étudiera les bêtes ou les gens ! Comme
aux dieux devisant, Hébé (c'est ma
compagne)... Commode,
yeux de vice hantés, baissés, m'accompagne... Amusé
tu diras : " L'Hébé te soûle, hé !
Jean ! " Jean
Goudezki
Et
ma blême araignée, ogre illogique et las
Aimable,
aime à régner, au gris logis qu'elle a.
(Victor
Hugo)
Par
les Bois du Djinn, où s'entasse de l'effroi,
Parle
et bois du gin !... ou cent tasses de lait froid.
(Alphonse
Allais)
Gall,
amant de la Reine, alla, tour magnanime,
Galamment
de l'arène à la tour Magne, à Nîmes.
(Marc
Monnier[1])
Ô,
fragiles Hébreux ! Allez, Rebecca, tombe !
Offre
à Gilles zèbre, œufs. À l'Érèbe
hécatombe !
(Victor
Hugo)
Dans
ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Danse,
aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses.
(Charles
Cros)
Danse,
prélat ! L'abbé t'apprit l'air en plain-chant !
Dans
ce pré-là, la bête a pris l'air en pleins
champs
(Luc
Étienne)
Étonnamment
monotone et lasse
(Louise
de Vilmorin)
|
126
|
Rumhb
|
On
utilise un texte connu en le modifiant au point de vue du sens.
|
127
|
Sophisme
|
Un
sophisme ou la logique fallacieuse est un raisonnement qui
apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité
est faux. Le sophisme repose sur le moteur du
syllogisme.
L'adjectif fallacieux désigne ce qui est
mensonger. La logique en rhétorique désigne l’art
de construire un discours cohérent. Nous avons donc affaire
à une contradiction dans les termes. Cette contradiction
n'apparaît pas en logique mathématique, qui n'a que
faire des valeurs de vérités des propositions.
À
l'origine, les logiques fallacieuses ont été
reprises sur Internet comme un outil d’éducation pour
faire comprendre lors de discussions enflammées autour de
la religion ce qui tenait ou ne tenait pas de la logique. Une
logique fallacieuse est une logique fausse indépendamment
de la véracité des postulats et de la conclusion. De
fait ces derniers sont directement issus de l’ouvrage L'Art
d'avoir toujours raison (1830-1831) qui est une œuvre de
Schopenhauer, et les arguments originels ont été
étendus par la suite.
Il est dur de détecter
les logiques fallacieuses, et elles sont assez souvent efficaces
pour convaincre. Le présent article a pour but dans un
premier temps de définir ce que sont des arguments
fallacieux, et ensuite de présenter une liste
non-exhaustive de ces derniers qui sont traditionnellement nommés
en latins. Liste d’arguments fallacieux Sophismes dont
les prémisses ne sont pas pertinentes à la vérité
de la conclusion.
Ad hominem aussi appelé argumentum
ad hominem ou attaque personnelle est formulé contre la
personne qui soutient une thèse, et non pas contre la thèse
elle-même : argumentum ad personam ad hominem
circumstantiæ ad hominem tu quoque Amphibologie
(aussi appelé amphibolie) argumentum ad verecundiam
aussi appelé le chef a toujours raison, ou argument
d’autorité. argumentum ad consequentiæ
Appel à la terreur « Si vous maintenez votre
point de vue, il y aura des conséquences... » Appel
à la flatterie « Un homme comme vous ne peut pas
défendre un tel genre de position » argumentum ad
populum (aussi appelé la raison de la majorité). Ex
: Dieu doit exister puisque la majorité des humains y
croient depuis des millénaires. Variante : La France
représente moins de 1% de la population mondiale et ne peut
donc avoir aucun rôle significatif (L’Athènes
de Périclès représentait bien moins de 1% de
la population de son époque, et son modèle nous
influence encore aujourd’hui; Sparte, bien plus puissante à
la même époque, n’a pas laissé de trace
culturelle durable.) argumentum ad misericordiam Appel au
ridicule argumentum ad odium Deux faux font un vrai la
raison des bons sentiments argumentum ad novitatem argumentum
ad antiquitatem (aussi appelé tout le monde fait comme ça,
argument de vente des marques en banlieue) argument par la foi
« C’est forcément vrai, puisque c’est
écrit dans le coran ». argumentum ad ignorantiam
(l’ignorance). Ex : Il n’y a aucune preuve que X est
faux. Donc, X est vrai argumentum ex silentio Argumentum
ad baculum (aussi appelé la raison du plus fort) Vous avez
juridiquement tort parce que vous êtes politiquement
minoritaire Argumentum ad crumenam (aussi appelé la
raison du plus riche) « Ce n’est pas ce minable même
pas assujetti à l’ISF qui va me donner des leçons
pour conduire ma vie » (voir Ésope, Épictète...).
Argumentum ad lazarum (aussi appelé la raison du plus
pauvre) « La classe ouvrière se bat avec le réel
tous les jours et est seule à connaître la réalité
du pays. La dictature du prolétariat est donc la seule
solution » Argumentum ad nauseam (aussi appelé
avoir raison par forfait) « Avez-vous lu les 38000
références que je viens de vous citer ? Non ? Eh
bien je considère alors que vous n’avez rien à
apporter à ce débat » argumentum ad
populum (aussi appelé la raison du plus populaire)
L’opinion de Paul-Loup Sulitzer sur les yaourts est capitale
à prendre en compte, car il vend des romans à 300
000 exemplaires petitio principii (aussi appelé
argument circulaire) : « Mon frère n’aime pas
les épinards, et c’est heureux pour mon frère,
car s’il les aimait, il en mangerait; or il ne peut les
supporter ». Variante : « Les serpents venimeux sont
utiles, car sans eux on ne pourrait fabriquer le sérum
immunisant contre leur venin ». rupture de la
corrélation incluant : plurium interrogationum (aussi
appelé multiplier ou compliquer les questions) Faux
choix (aussi appelé blanc ou noir) : « les énergies
marémotrice et géothermiques sont propres, donc
écologiquement acceptables; si elles sont écologiquement
acceptables, elles sont donc forcément renouvelables. Si
vous contestez cette conclusion, vous êtes un partisan du
lobby nucléaire » refus de la corrélation
(attention : une corrélation n’implique pas
nécessairement une causalité. Ainsi, le nombre
d’appartements dans un immeuble est très fortement
corrélé au nombre de divorces dans cet immeuble; les
ventes de whisky en Écosse y sont corrélées
au revenu des pasteurs, et cela ne signifie pas que les pasteurs
boivent le produit des quêtes. Cela indique simplement que
quand leurs ventes sont bonnes, les Écossais ont les moyens
de donner un peu plus à leurs pasteurs). Supprimer la
corrélation Équivocation confusion entre le
tout et la partie prendre la partie pour le tout : « X a
voté Machin, Machin est pour telle réforme, donc X
est partisan de cette réforme ». diviser
excessivement généralisations invalides :
échantillon non représentatif « Depuis mon
compartiment de chemin de fer, j’ai pu constater sur un
échantillon de 70 passages à niveau que tous sans
exception ont leurs barrières fermées ».
généralisation hâtive (aussi appelé
déduction hâtive, manque de représentativité
de l’échantillon) ex : Les anglais sont tous
trilingues, oui, j’ai rencontré un anglais qui
parlait trois langues
généralisation
excessive manipulation statistique « Ce test de la
maladie X est fiable à 99%, il se révèle
positif pour vous, donc vous avez la maladie X » (en fait,
si la maladie X touche une personne sur 100 000, un test «
fiable à 99% » donnera 1000 positifs là où
il n’y a qu’un vrai malade, et donc un test positif
laisse encore 99,9 % de chance de ne pas avoir la maladie en
question). manipulation des probabilités : «
Lancez trois pièces : deux sont forcément du même
côté, soit pile, soit face. La troisième a une
chance sur deux d’être également de ce côté-là;
donc il y a une chance sur deux que les pièces soient
toutes les trois du même côté » le
déshonneur par association / l’honneur par
association : « Vous êtes végétarien ?
Tiens, comme Hitler ! Ce ne doit pas être un hasard ».
« Je ne suis pas un imbécile, puisque je suis
douanier ». Ignoratio elenchi (aussi appelé
conclusion excessive) post hoc, ergo propter hoc (aussi appelé
confondre synchronicité et causalité) ex : j’ai
bu une tisane, grâce à cela mon rhume a disparu le
lendemain.
le raisonner comme un procureur le
postulat indémontrable argumentum ad temperantiam
(appelé aussi le juste milieu) la raison par la
théâtralité réductionnisme : «
l’homme est formé de composants matériels
régis par la causalité, donc la seule façon
efficace d’analyser les actions humaines consiste à
s’appuyer sur la causalité » (en fait, on
obtient des modèles toujours plus simples, et utilisables,
en s’appuyant au contraire sur les notions de motivation et
de but) la raison de la Nature ou génétique (qui
méprend la cause ou l’origine d’une chose pour
l’essence ou la chose elle-même). ex :L'amour,
parce qu’il découle de l’instinct sexuel, n’est
autre que le désir de copuler. (voir Sémantique
générale)
négation de la preuve Non
sequitur : (qui ne suit pas les prémisses) Affirmation
de la conséquence. Ex : aujourd’hui il fait beau,
donc il pleuvra demain. Déni des antécédents
Aucun bon écossais treize à la douzaine la
raison des émotions la solution parfaite empoisonner
le puit (ou la politique de la terre brûlée) causa
non pro causa incluant simplification excessive de la
causalité les rapprochements excessifs Post hoc
Fausse analogie ex : cet objet est beaucoup trop cher, j’ai
vu le même l’an dernier à l’étranger
à moitié prix.
renversement de la
causalité le chiffon rouge Réification (ou
hypostase) le relativisme renverser la charge de la preuve
la pente savonneuse l’homme de paille argumentum
ad Google syllogisme invalide (voir aussi paradoxes)
affirmation d'une disjonction affirmation excessive de
l'existence d’un terme quaternio terminorum
non-distributivité du pivot non-distributivité
du terme majeur non-distributivité du terme mineur
Faux dilemme ex : Jupiter est une sphère gazeuse ou
solide. Or, Jupiter n’est pas solide, donc elle est
gazeuse.
Fausse corrélation (souvent justifiée
par l'a priori que l'on a sur le sujet) ex : 100% des
cancéreux ont mangé des fruits au moins une fois
dans leur vie ; par conséquent les fruits sont
cancérigènes. ex : 30% des accidents de la route ont
été causés par des fumeurs de cannabis ; le
cannabis est donc un danger pour la route.
Sophismes
d’ambiguïté Division ex : L’armée
américaine est puissante, donc ce soldat américain
doit être puissant
|
128
|
Stichomythie
|
La
stichomythie est la partie du dialogue, au théâtre,
où les interlocuteurs se répondent vers par vers.
C'est en fait la succession de répliques de même
longueur.
|
129
|
Similitude
|
On
dégage des ressemblances entre deux choses, ex : C'étaient
deux hommes encore jeunes, d'origine apparemment modeste. Des
Parisiens.
|
130
|
Sujet
quasi interne
|
Le
verbe a-t-il un sujet de même racine lexicale ou du moins de
même sens, ex : Encore le sommeil en sa profondeur endort
parfois les songes (Montaigne).
|
131
|
Suspension
|
La
suspension n'interrompt pas mais retarde vers la fin de l’énoncé
l’apparition d’une partie essentielle de celui-ci.
|
132
|
Syllabe
echo
|
Une
syllabe éveille-t-elle des échos à divers
points clés du texte, ex : Or dans le poème Orphée
de Valéry.
|
133
|
Syllepse
|
Une
syllepse (du grec σύλληψις
/ súllêpsis, littéralement « action de
prendre ensemble », puis syllepse) est une figure de
rhétorique ou une construction syntaxique désignant
un accord se faisant selon le sens et non les règles
grammaticales habituelles. Ainsi, on accorde le verbe crier
selon les règles grammaticales dans « l'ensemble des
enfants cria » (accord du verbe avec son sujet, ensemble,
qui est au singulier) ou par syllepse dans « l'ensemble des
enfants crièrent » (accord avec enfants, qui n'est
pas le sujet grammatical mais correspond à l'actant «
acteur »).
|
134
|
Syllogisme
|
En
logique aristotélicienne, le syllogisme est un raisonnement
logique à deux propositions (également appelées
prémisses) conduisant à une conclusion qu'Aristote a
été le premier à formaliser. Par exemple,
Tous les hommes sont mortels, or les Grecs sont des hommes, donc
les Grecs sont mortels est un syllogisme ; les deux prémisses
(dites « majeure» et « mineure ») sont des
propositions données et supposées vraies permettant
de vérifier la véracité formelle de la
conclusion. La science des syllogismes est la syllogistique, à
laquelle, entre autres, se sont intéressés les
penseurs de la scolastique médiévale, Gottfried
Leibniz et Emmanuel Kant.
|
135
|
Symbole
|
Le
symbole est originellement une représentation qui fait
sens. C'est un système signifiant relevant de la
connotation. Des opérations de distinction et de
relation/unification produisent du sens pour un individu ou un
groupe social. Le symbole apparaît ainsi comme la réalité
visible qui invite à découvrir la réalité
invisible ; il ne fait qu'un avec le symbolisé. Cette unité
ne se fait pas par un mode fusionnel mais par ajustement
(sumbolh). L'ensemble des deux éléments (visible et
invisible) forme un tout et l'un ne se comprend pas sans l'autre.
Selon Creuzer, le symbole serait « situé entre la
forme et l’être, entre l'expression et l'idée »
(R. Alleau, De la nature des symboles, Paris, Pont-Royal, 1964,
page 20).
Par extension, le symbole en est venu à
désigner toute réalité qui en évoque
une autre, absente ou abstraite, à l'aide d'une
correspondance implicite. Le symbole devient une représentation
de l’absent et de l’imperceptible. Tous les systèmes
symboliques tentent d'exprimer des idées, des concepts,
etc. Au contraire du code, le symbole est univoque et parfois
personnel (tel objet symbolise mon ami disparu ou perdu de vue,
telle image symbolise, pour moi, l'espérance, ...). Un
symbole établit donc une relation de correspondance qui n'a
pas de sémantique générale a priori entre
deux éléments. Il prend sa forme signifiante par une
représentation mentale élargie, où le système
symbolique et l'élément symbolisé peuvent
avoir des éléments de correspondances proches ou
lointains. Exemple : le couple soleil-lune représentant le
couple homme-femme, lumière-ténèbres, et
vérité-mensonge. Correspondance entre deux éléments,
le symbole est quelques fois utilisé tel un synonyme
d'allégorie, métaphore, métonymie, synecdote.
Exemples : une balance figurant la justice ; les lauriers
symbolisant la gloire.
|
136
|
Synecdoque
|
La
synecdoque (ou inclusion) est le fait d'assigner à un mot
un sens plus large ou plus restreint qu'il ne comporte
habituellement. C'est une variété de métonymie
; elle produit un effet de style permettant de désigner
quelque chose par un terme dont le sens inclut celui du terme
propre. Elle permet d'exprimer un tout par une de ses parties, un
objet par sa matière, et vice-versa.
Exemple : Ni
les voiles au loin descendant vers Harfleur. Victor Hugo (les
voiles = les bateaux à voiles) Berne a protesté
énergiquement contre l'attaque d'un véhicule
diplomatique. (Berne = la Suisse dont elle est la capitale)
Exemple canonique : « Acheter un vison » pour «
Acheter un manteau fait en peau de vison ».
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Synonymie
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La
synonymie porte-t-elle sur les classèmes, alors que les
sèmes spécifiques sont opposés, ex : Un
chapeau d'une élégance douteuse, d'une vulgarité
étudiée, Le bus était plein de gens qui
détestaient les cars bondés.
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Tautogramme
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Phrase
ou vers composé de mots commençant tous par la même
lettre: Triste, transi, tout terni, tout tremblant, D'où
descendent deux drôles de dandys doucement discourant ?
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Tautologie
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Il
y a deux mots identiques en fonction de sujet et de prédicat,
ex : À la guerre comme à la guerre.
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Topique
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Thème
d'un énoncé, le plus souvent signalé par sa
position initiale dans la phrase ou par une rupture intonative. En
français, le topique est repris par un pronom dans la
proposition principale : «Paul, je l'ai vu hier»,
«Quant à Marie, cela fait des mois que je n'ai plus
de ses nouvelles».
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Travestissement
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A-t-on
une parodie qui rend petits ou triviaux des actes héroïques
et distingués.
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Trope
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Le
trope est une figure de style ou de rhétorique qui consiste
à employer un mot ou une expression dans un sens figuré
(métonymie, métaphore, etc.)
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Variation
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On
revient, dans un texte littéraire, sur un point déjà
traité, en des termes analogues, en introduisant quelque
différence, ex : C'est une fille de treize ans dont le
visage pâli se tord de mal et qui court vers la place
assise. Plus tard une camarade lui montre, sur sa jupe, une tache
et lui explique qqch. (sonore : on s'arrange pour que les mots du
texte offrent, du point de vue sonore, une alternance de voyelles
ou de consonnes, ex : Les hauts murs d'or harmonieux d'un
sanctuaire)
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Virelangue
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Un
virelangue est une expression (une phrase ou un petit groupe de
phrases) à caractère ludique caractérisée
par sa difficulté de prononciation ou de compréhension
orale — voire les deux à la fois. On peut noter que
ces virelangues peuvent servir d'exercices de phonétique
dans l'apprentissage du Français langue étrangère.
Les Japonais, par exemple, aimeront sûrement s'entraîner
à prononcer une phrase pleine de jonquilles jaunes et de
jasmin, tandis que les germanophones aimeront se promener dans le
désert aux vastes distances.
Exemples :
–
Tes laitues naissent-elles ? – Oui mes laitues naissent.
– Si tes laitues naissent, mes laitues naîtront.
Suis-je bien chez ce cher Serge ? Ton thé t'a-t-il
ôté ta toux ? disait la tortue au tatou. Mais pas du
tout, dit le tatou, je tousse tant que l'on m'entend de Tahiti à
Tombouctou ! – Les chaussettes de l'archiduchesse
sont-elles sèches ? – Archisèches. –
Si mon tonton tond ton tonton, ton tonton sera tondu. Je dis
que tu l'as dit à Didi ce que j'ai dit jeudi. Zazie
causait avec sa cousine en cousant. Je veux et j'exige du
jasmin et des jonquilles. La jolie rose jaune de Josette
jaunit dans le jardin. Pas de dessert dans le désert.
J'ai la bouche rouge et sèche. Kiki la cocotte
aimait Koko le concasseur de cacao. Natacha n'attacha pas son
chat qui s'échappa. Les soldats se désolidarisèrent-ils
? Didon dîna dit-on du dos dodu d'un dodu dindon. Un
dragon gradé dégrada un gradé dragon. Vous
qui macadamisez cette route, quand la démacadamiserez-vous
? Je suis un original qui ne se désoriginalisera
jamais. La pie niche haut. L'oie niche bas. L'hibou
niche ni haut ni bas. Où l'hibou niche-t-il ? (Si
l'interlocuteur a compris, il devrait répondre : ni haut ni
bas.)
Tas de riz, tas de rats Tas de riz tenta tas de
rats Tas de rats, tenté par tas de riz tentant, tâta
tas de riz tentant ! Combien coûtent ces six
saucissons-ci ? Ces six saucissons-ci sont six sous. La
vache mâche sans relâche dans le champ où le
chien niche tout en léchant son chiot naissant. Truite
cuite, truite crue, … Piano panier, piano panier, piano
panier, … Qu'a bu
l'âne au quai ? L'âne a bu l'eau ! ou Qu'a bu
l'âne au lac? Chat vit rôt Rôt tenta
chat Chat mit patte à rôt Rôt brûla
patte à chat Chat quitta rôt
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Zeugma
(zeugme)
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Le
zeugma ou zeugme (du grec ζεῦγμα
/ zeugma, « joug, lien ») est un procédé
de construction syntaxique pouvant être considéré
comme une figure de style.
Il existe deux conceptions du
zeugma : le fait de ne pas répéter un élément
commun dans une phrase présentant deux membres parallèles.
Ainsi, dans la phrase « L'un poussait des soupirs, l'autre
des cris perçants », poussait n'est pas répété.
On peut considérer ce procédé comme un
raccourci, un moyen de simplifier la phrase. Il est très
fréquent et ne constitue pas une figure de rhétorique,
parce qu'il n'attire pas l'attention. C'est au contraire la
répétition du terme commun qui ferait figure ; le
fait de rattacher deux éléments, qui ne peuvent être
mis sur le même plan, à un terme commun,
éventuellement — mais non nécessairement —
dans le cadre d'un parallélisme. Il s'agit alors d'une
figure qui provoque un effet de surprise, souvent comique, parfois
poétique. Par exemple : « Tous les matins, il saute
son petit-déjeuner et la concierge » (Pierre
Desproges), «J'y ai laissé ma jeunesse et ma moto »
(Indochine) ou « Les moutons suivaient le berger, et le
berger le fil de ses pensées ». Dans le cas où
l'incompatibilité est d'ordre grammatical, par exemple
quand on associe un verbe transitif et un verbe intransitif à
un même complément, il s'agit plutôt d'une
anacoluthe.
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